Vingt-huit ans après sa mort, la surréaliste exhumation de Dali
La tombe de l’artiste surréaliste espagnol Salvador Dali doit être rouverte jeudi, 28 ans après sa mort, pour déterminer s’il a, ou non, une descendance, une cartomancienne espagnole assurant être le fruit d’une brève liaison dans leur village natal de Figueras.
A 20H00 (18H00 GMT), une fois tous les touristes partis, des experts retireront la dalle de plus d’une tonne située dans la crypte abritant le tombeau de Dali, sous la coupole géante du Théâtre-Musée Dali de Figueras, pour prélever un extrait d’ADN de l’artiste.
Le prélèvement se fera directement dans la tombe, sur "des restes osseux et/ou des pièces dentaires", selon le document judiciaire ordonnant l’exhumation.
Il devra ensuite être transmis à l’Institut de toxicologie de Madrid où Pilar Abel a déjà déposé un échantillon de salive. La réponse prendra quelques semaines, selon Enrique Blanquez, l’avocat commis d’office de la plaignante.
Le site sera fermé au public et aux journalistes. Selon le journal barcelonais La Vanguardia, la coupole du musée sera recouverte de toiles opaques pour éviter que des photos soient prises à l’aide de drones.
Les détails de l’exhumation seront dévoilés vendredi à 08H00 (06H00 GMT) par la fondation Dali, qui gère le théâtre-musée, lors d’une conférence de presse.
L’exhumation était initialement prévue à 9h30 du matin, mais le musée, principale attraction touristique de cette petite ville catalane avec plus de 1,1 million de visiteurs en 2016, souhaitait que ses horaires d’ouverture au public soient respectés.
"C’est la première fois qu’il nous arrive une chose pareille", a déclaré à l’AFP une porte-parole de la Fondation Dali, qui gère le musée.
La Fondation Dali avait déposé un recours contre l’exhumation, mais le délai était "trop juste" pour donner le temps à toutes les parties de présenter leurs arguments et permettre à la justice de trancher, a expliqué une source judiciaire.
Dix ans de lutte
"Je veux juste connaître la vérité. Je suis très positive, très contente", a confié mercredi Pilar Abel, qui est née et a grandi à Figueras, la ville où Dali est né en 1904 et mort en 1989, à des journalistes dans un hôtel de Madrid.
Pilar Abel assure lutter depuis dix ans pour obtenir cette reconnaissance et avoir déjà réalisé trois tests ADN, dont les résultats ne lui sont pas parvenus. Des faits que l’AFP n’a pu vérifier.
Si les tests prouvaient sa filiation, elle pourrait réclamer sa part de l’héritage de Dali, au minimun 25 % selon son avocat, bien qu’elle martèle mener ces procédures avant tout pour "connaître (s)on identité".
Mais si les tests s’avéraient négatifs, "nous continuerons à nous battre !", a-t-elle lancé, sûre d’elle.
Ses détracteurs ont souligné des lacunes et des contradictions dans son récit des événements.
Elle et son avocat assurent disposer de témoignages autres que ceux de la mère et la grand-mère de Pilar Abel, sans les dévoiler précisément.
Dali a vécu ses dernières années retiré dans son château de Pubol avec sa compagne Gala, morte en 1982, avec laquelle il n’a pas eu d’enfant.
"Dali aimait sa femme, mais il l’aimait sans avoir de rapports, cétait un voyeur, je dirais. C’est pour cela que nous, les gens de Figueras, nous pensons que c’est très difficile qu’il ait pu avoir un enfant", a déclaré à l’AFP TV une habitante de Figueras, Lidia, qui assure avoir connu Dali à l’âge de 13 ans.
(Source AFP)