Nicole Bricq est décédée à l’hôpital de Poitiers (Vienne), selon une source gouvernementale.
Mme Bricq se trouvait sur son lieu de vacances lorsqu’elle a fait une chute dans un escalier, dans la nuit de samedi à dimanche, avant d’être hospitalisée, a indiqué pour sa part à l’AFP Philippe Bonnefoy, son ancien chef de cabinet au ministère du Commerce extérieur.
L’ancienne ministre sera inhumée "dans les jours qui viennent à La Rochefoucauld" (Charente), sa ville natale, a-t-il précisé.
Née le 10 juin 1947 dans cette ville où ses parents étaient bouchers, Nicole Bricq avait fait des études de droit à Bordeaux, avant de devenir cadre de direction.
Elle avait adhéré au PS en 1972 "dans la foulée de 1968", rejoignant le Ceres, courant considéré comme la gauche du PS et alors animé par Jean-Pierre Chevènement.
Profondément européenne, elle s’était peu à peu éloignée de ce dernier, rompant définitivement avec lui en 1991 lorsqu’il avait pris position contre l’engagement de la France dans la guerre du Golfe.
Elle avait été élue députée PS de Seine-et-Marne en 1997 en battant alors le sortant RPR Jean-François Copé, qui avait pris sa revanche sur elle en 2002, avant de devenir sénatrice de Seine-et-Marne en 2004, ensuite réélue.
Spécialiste des questions économiques, dotée d’une forte personnalité, elle était devenue en 2011 rapporteure générale du Budget au Sénat, première femme à occuper ce poste prestigieux.
Après la victoire de François Hollande à la présidentielle de 2012, elle avait été nommée ministre de l’Ecologie, poste qu’elle n’avait occupé qu’un mois, avant de devenir ministre du Commerce extérieur jusqu’au remaniement de mars 2014.
Travailleuse acharnée
Mme Bricq avait décidé il y a quelques jours de jeter l’éponge et de ne pas se représenter aux sénatoriales de septembre en Seine-et-Marne, en raison notamment d’une candidature dissidente.
Cette femme de caractère et travailleuse acharnée, fut également conseillère régionale d’Ile-de-France de 1983 à 1989.
Rugueuse dans ses rapports avec autrui, elle se justifiait : "On dit d’un homme qu’il a du caractère, mais d’une femme qu’elle a mauvais caractère". "Je me suis faite moi-même, j’ai mes convictions !", avait-elle lancé, "toujours tendre avec les faibles et dure avec les forts".
Connue pour son franc-parler, elle avait commis une gaffe en mars 2014 en chuchotant à l’oreille du Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault, sans savoir qu’elle était enregistrée, que la nourriture à l’Elysée était "dégueulasse" et qu’avec Matignon, "y a pas photo".
La mémoire de Nicole Bricq a été saluée dimanche par de nombreuses personnalités de tous bords politiques.
Nicole Bricq "était une femme libre, au grand sens de l’État. J’apprends avec tristesse son décès. Cette amie engagée nous manquera beaucoup", a twitté Emmanuel Macron.
"Élue de talent, elle aura marqué la vie politique de notre pays par son investissement de chaque instant, notamment au sein de notre haute assemblée. Ces derniers jours encore, elle a témoigné en séance d’un grand sérieux et d’une force de travail considérable, qualités reconnues de tous au Sénat", a réagi auprès de l’AFP François Patriat, président du groupe REM au Sénat.
La "carrière de Nicole Bricq fut caractérisée par sa compétence, la défense de ses convictions et son intelligence. Trois traits majeurs de sa personnalité reconnus tant par ses ami-e-s que par ses adversaires politiques", a salué le PS.
Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a rappelé qu’elle aimait à "évoquer" René Char avec Emmanuel Macron.
Manuel Valls a lui évoqué une "militante, entière, sincère, réformiste", Bernard Cazeneuve une "grande ministre et remarquable parlementaire" et Jean-Marc Ayrault "une femme forte de ses convictions".
L’ex-ministre Myriam El-Khomri a salué une femme "courageuse, engagée, pleine d’humour" et le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb sa "haute idée de la France".
AFP
Le sénateur LR Roger Karoutchi a écrit qu’"au-delà de nos différends, elle faisait honneur au Parlement".