A Alger, Macron en visite aussi symbolique que stratégique
Emmanuel Macron a accompli une étape « indispensable » et symbolique pour un candidat à l’élection présidentielle française en entamant lundi une visite en Algérie, avec une série d’entretiens ministériels où il a évoqué « le poids du passé » et les promesses de partenariats d’avenir.
M. Macron a été reçu avec les honneurs, à l’image de son cortège de voitures officielles guidées par des gyrophares qui a serpenté à grande vitesse dans les rues encombrées d’Alger.
Surtout, il a passé deux longues heures d’entretien avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministre de l’Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb, qui ont largement débordé du programme initial.
Ces deux personnages clés de l’Etat algérien sont visiblement attentifs au parcours du candidat d’En Marche !, porté par des sondages favorables en France. Et M. Bouchouareb connaît bien M. Macron, qu’il a plusieurs fois rencontré lorsque ce dernier était à Bercy et qu’il a chaleureusement embrassé au moment de se séparer.
"Emmanuel vient en ami, il vient aussi comme quelqu’un qui a aussi contribué à ce partenariat d’exception que nos deux pays sont en train de construire patiemment mais résolument", glisse en écho Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, qui a lui aussi devisé avec l’ex-ministre de l’Economie à son arrivée à la mi-journée.
Dans son marathon institutionnel et un peu au pas de course en raison du retard accumulé, M. Macron a également rencontré la ministre de l’Education Nouria Benghebrit et celui des Affaires religieuses Mohamed Aissa.
Durant ces entretiens, Emmanuel Macron a rappelé l’importance des relations historiques entre France et Algérie, qui se regardent d’un bord à l’autre de la Méditerranée.
– ‘Pont vivant’ –
"Il est évident que compte tenu du rôle que joue l’Algérie dans notre histoire, dans notre pays, dans notre avenir et dans celui du Maghreb, il est indispensable durant une campagne présidentielle de venir faire une telle visite. Pour mesurer à chaque instant le poids du passé et avoir un discours volontariste sur l’importance de l’avenir", a souligné M. Macron.
"J’appartiens à une génération qui n’a pas connu la Guerre d’Algérie (1954-1962, ndlr) mais (…) qui ne peut pas vivre sans. Cela fait partie de notre viatique", a insisté M. Macron, tout en appelant à "donner encore plus de densité au partenariat entre la France et l’Algérie".
Dans cette perspective, il a déroulé plusieurs "axes de développement stratégique", parmi lesquels le renforcement de la coopération "sur le plan diplomatique et sécuritaire". Une thématique abordée particulièrement avec le Premier ministre.
Avec M. Sellal, "nous avons passé un long moment à évoquer deux sujets qui me préoccupent beaucoup : le sujet libyen et le sujet malien qui sont au coeur de la sécurité régionale et sont très structurants pour notre politique étrangère", a souligné M. Macron.
"Nous avons besoin d’aider l’Algérie dans la diversification de son économie", a également souligné M. Macron.
"Enfin, il y a nos relations consulaires, culturelles, linguistiques et scientifiques", a dit l’ancien banquier d’affaires, en évoquant les "millions de binationaux, d’Algériens vivant en France, qui sont un pont vivant, qui sont cette mémoire commune et parfois déchirée".
M. Macron a conclu sa journée par un meeting devant quelque 300 membres de la communauté française, devant qui il a défendu sa "vision" et balayé une nouvelle fois l’idée selon laquelle il n’aurait pas de programme précis.
"La force d’un projet c’est sa cohérence. Demandait-on au Général de Gaulle ou à François Mitterrand combien de points de charge ils allaient supprimer", a-t-il raillé.
Deux visites plus culturelles sont au programme mardi matin, à la basilique Notre-Dame d’Afrique puis au Monument du martyr, qui rend hommage aux combattants de la guerre d’indépendance algérienne.
Avec AFP