Union européenne : un sommet pour définir les orientations politiques des cinq années à venir
C’est la première réunion du Conseil européen après les élections du 9 juin, qui ont été marquées par une poussée de l’extrême-droite, mais pas au point de chambouler les équilibres au sein de l’hémicycle européen. Les conservateurs du Parti populaire européen (PPE, centre-droit), les sociaux-démocrates (S&D) et les libéraux de Renew continuent de former la coalition majoritaire au Parlement.
« Il s’agit d’une réunion particulièrement importante, en raison d’un ordre du jour substantiel et de décisions cruciales qui façonneront la voie à suivre (…). Une Union déterminée et ambitieuse est essentielle dans la période actuelle », a souligné le président du Conseil européen, Charles Michel, dans sa lettre d’invitation aux membres du Conseil européen.
Parmi les décisions à l’ordre du jour, trois se distinguent en particulier. Premièrement, les 27 adopteront le programme stratégique, un texte d’une dizaine de pages articulé autour des défis en matière de défense, de compétitivité économique et de protection de la démocratie.
En vertu du rôle que lui confèrent les traités, le Conseil européen devra ainsi définir les priorités et fixer les orientations stratégiques de l’UE pour les cinq prochaines années, orientant ainsi les travaux du prochain cycle institutionnel.
Des thématiques qui ont marqué la dernière campagne électorale, sous la pression de la droite dure, devraient se retrouver dans la littérature du programme stratégique, notamment le pragmatisme climatique et le durcissement de la lutte contre l’immigration.
Ensuite, le Conseil devra déterminer la voie à suivre en matière de réformes internes et convenir des nominations institutionnelles.
Sur ce dernier point, le choix du trio Ursula von der Leyen (présidence de la Commission), Antonio Costa (Conseil européen) et Kaja Kallas (diplomatie de l’UE) est définitivement entériné. Il a été confirmé mardi par les principaux dirigeants des trois grandes familles politiques (centre droit, socialistes et libéraux).
La décision sur les « top jobs » ne requiert pas l’unanimité. La majorité qualifiée suffit. Mais, plusieurs responsables européens ne cachent pas leur souhait de vouloir envoyer une image d’unité.
Le sommet se penchera aussi tout particulièrement sur les besoins et moyens de financement d’une défense européenne « plus forte ». La question continue tout de même de diviser. Des Etats membres influents, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, s’opposent énergiquement à l’idée d’un endettement européen pour financer la Défense.
L’appui militaire à l’Ukraine ne devra toutefois pas poser de résistance. Charles Michel estime qu’il faudra « impérativement intensifier le soutien militaire à l’Ukraine, en mettant l’accent sur la défense aérienne, les munitions et les missiles ».
Les dirigeants européens recevront à cette occasion le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui viendra signer un long catalogue d’engagements de l’UE, sur dix ans, pour la sécurité de l’Ukraine. Cet accord bilatéral, non contraignant d’un point de vue juridique, mais engageant, politiquement, prévoit largement de continuer à armer l’Ukraine.
La crise « dévastatrice » au Moyen-Orient, notamment à Gaza, sera, par ailleurs, à l’ordre du jour. Les dirigeants européens appelleront « une nouvelle fois à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et à une augmentation de l’aide humanitaire ».