9ème Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies à Fès : quatre questions à José Luis Rodriguez Zapatero, promoteur de l’Alliance
Le Forum mondial de l’Alliance des civilisations des Nations Unies (UNAOC), dont la neuvième édition se tient ces 22 et 23 novembre à Fès, constitue une occasion importante pour réaffirmer les valeurs de la paix et de l’entente et lancer un message clair en faveur du dialogue inter-civilisationnel.
Dans cet entretien à la MAP, l’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, promoteur de l’initiative de l’Alliance des civilisations en 2004, nous livre ses réflexions sur cet évènement de haut niveau et sa vision sur les actions de l’Alliance.
1/ L’Alliance des civilisations, que vous avez lancée en 2004, tient son neuvième Forum mondial ces 22 et 23 novembre à Fès. Quel est le principal message de cette rencontre ?
Le Maroc a soutenu l’Alliance des Civilisations dès le début. C’est un pays qui accumule une culture du dialogue et entretient un lien transcendantal avec la Méditerranée.
Bref, l’Alliance des civilisations signifie s’unir et vivre ensemble, et Fès est, bien sûr, la capitale de la culture, de la coexistence et de la spiritualité. Fès est un symbole de la rencontre pour l’entente, et cette nouvelle édition du Forum mondial de l’Alliance des civilisations vient souligner et réaffirmer que toutes les cultures partagent des valeurs et que la valeur la plus importante qu’elles partagent est l’entente.
Fès sera la plus importante mobilisation pour la paix depuis le début de la guerre en Ukraine.
Le Maroc joue un rôle important et croissant. Dans ce sens, l’Espagne et le Maroc doivent travailler ensemble, car chaque fois que les deux pays travaillent ensemble, ils transforment la Méditerranée en un espace d’espoir et créent un horizon d’entente plus profond entre l’Occident et le monde arabo-musulman.
J’espère que tous les pays qui œuvrent à la résolution pacifique des conflits, comme le Maroc et l’Espagne, formeront une alliance puissante pour promouvoir les négociations pour la paix dans le monde.
2/ Dans un contexte marqué par les tensions et la guerre en Ukraine, qu’attendez-vous de ce Forum, qui accueille plus d’un millier de participants et des représentants de quelque 90 pays ?
Il est très important que les hommes et les femmes qui œuvrent en faveur de la paix, qui constituent la majorité dans le monde, toutes cultures, religions et nationalités confondues, s’unissent, partagent, dialoguent et lancent depuis Fès une voix puissante en faveur de la paix auprès de toutes les organisations internationales et les grandes puissances.
Nous devons essayer dès que possible de promouvoir des négociations de paix dans la guerre en Ukraine, qui nous préoccupe le plus en ce moment, mais aussi revoir et réviser les désastres qui se sont produits au Moyen-Orient, avec tant de guerres depuis l’an 2000, et insister à nouveau sur les droits du peuple palestinien, la paix entre Israël et la Palestine et la création d’un État palestinien. Ce sont des conditions nécessaires pour un avenir immédiat de paix.
Je pense que nous avons un devoir de paix. La paix est l’impératif le plus important de toutes les civilisations. Bien sûr, ma grande préoccupation du moment est la multiplication des conflits armés, avec la menace de la guerre froide. Il doit y avoir une grande mobilisation pour la paix.
3/ Le forum de Fès est marqué par une participation massive des jeunes, notamment africains. Pensez-vous que le moment est venu pour que l’Afrique, qui est le continent de l’avenir, ait plus de poids dans les initiatives de l’Alliance ?
Non seulement au niveau de l’Alliance des civilisations de l’ONU, mais sur tous les plans. L’Afrique doit avoir plus de poids dans la communauté politique internationale. L’Afrique sera bientôt le continent le plus peuplé du monde, avec l’Asie. Nous devons opérer une transition ou une réforme au sein de la communauté politique internationale pour donner à l’Afrique la place qu’elle mérite. Cependant, pour y parvenir, il est important que l’Afrique soit unie autour d’un désir de paix.
4/ Dix-sept ans après sa création, ne pensez-vous pas que l’Alliance doit élever le niveau de ses ambitions et rechercher une plus grande implication institutionnelle ?
Effectivement, il est vrai que l’esprit de l’Alliance depuis sa création, il y a 17 ans, doit être suffisamment présent dans les organisations internationales telles que l’Union Africaine, l’Union Européenne et l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques. Ces institutions internationales doivent faire de l’action en faveur de la paix un impératif dans leurs principes et leurs fondements.
Le message est clair : nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre froide. Nous ne voulons pas que le 21e siècle soit défini comme le 20e siècle. Nous voulons la paix, la coopération, le multilatéralisme, l’entente, le respect, les droits de l’homme, le progrès, l’élimination de la pauvreté et la lutte contre les inégalités.
Il n’y a pas de priorité plus importante pour la civilisation humaine que la paix.