La coalition présidentielle sortante a ainsi perdu sa majorité absolue, face à un score inédit du parti d’extrême droite, le Rassemblement national (89 députés), et un repositionnement des partis de gauche, rassemblée sous la bannière de la “Nouvelle Union populaire écologique et sociale” (NUPES), dirigée par le chef de file de la France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon (131 sièges). Les Républicains, principal parti d’opposition à l’Assemblée nationale lors de la précédente législature, sont arrivés au 4ème rang.
Dans un tel contexte, le président Emmanuel Macron, réélu en avril dernier pour un second mandat et en manque de 44 députés pour s’assurer la majorité absolue, se voit dans l’obligation de négocier avec d’autres formations représentées à l’Assemblée nationale. Tâche qui s’annonce ardue, d’autant plus que le président des Républicains, Christian Jacob, qu’il a reçu mardi matin à l’Élysée, dans le cadre des réunion du chef de l’État avec les représentants des forces politiques ayant vocation à constituer un groupe à l’Assemblée, se montre intransigeant quant au maintien de son parti dans les rangs de l’opposition.
Pourtant, c’est ce même parti qui a donné ses consignes pour voter Macron lors du second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, et qui constituait une réserve de voix inestimable pour la majorité présidentielle, lors des élections de dimanche face aux candidats du RN ou de la NUPES.
M. Macron, qui a reçu au lendemain du scrutin la démission de sa première ministre Elisabeth Borne, qu’il a refusée, a enchaîné, mardi, les consultations successivement avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, François Bayrou, président du MODEM (allié de la majorité présidentielle), Stanislas Guerini, délégué général de Renaissance (parti présidentiel), Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national et Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français.
Mercredi, le président de la République reçoit Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Ecologie – Les Verts, Franck Riester, Président d’AGIR, Adrien Quatennens, député La France insoumise du Nord, et Edouard Philippe, son ancien premier ministre et président d’Horizons.
Le chef de l’État, dont trois membres du gouvernement ont été battus lors de ces législatives ainsi que deux de ses ténors, en l’occurrence Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale sortante, et Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur et président du groupe de La République en Marche (LREM – rebaptisé Renaissance) à la Chambre basse lors de la précédente législature, aura du fil à retordre.
Son deuxième quinquennat débute ainsi sous de mauvais augures, au risque de voir le pays bloqué ou plongé dans une crise de gouvernance, selon les observateurs, faute d’arrangements au sein de l’Assemblée nationale, où d’importants projets de loi sont attendus, à leur tête celui sur les mesures de soutien au pouvoir d’achat, dans le contexte d’une inflation galopante. L’autre projet de loi se rapporte à la question sanitaire dans la perspective de la résurgence de la pandémie du Covid-19 ou d’une autre épidémie.
Mais avant tout, le gouvernement, qui devrait être légèrement remanié dans les prochains jours à la lumière des résultats des élections de dimanche, compte tenu de l’échec de trois membres de l’exécutif, aura pour première tâche de faire valider par les députés sa déclaration de politique générale.
Sonnant la mobilisation, la Première ministre a réuni, mardi, l’ensemble des membres de son gouvernement à Matignon, pour discuter des stratégies à mettre en place dans ce contexte inédit sous la Vè République.
Avec un Sénat dominé par l’opposition de droite et une Assemblée nationale où Emmanuel Macron dispose de peu de marges de manœuvre, du fait d’une majorité relative, la coalition gouvernementale se trouve dans une situation des plus difficiles. Faute d’une alliance lui assurant la majorité absolue, elle serait amenée à faire recours à la règle du cas par cas, qui n’est pas sans risque.