Après avoir rappelé que le conflit régional autour du Sahara marocain nuit à l’essor du Maghreb, avec un coût économique considérable, M. Saerens a relevé que la situation évolue pourtant, en particulier à la suite du retour du Maroc au sein de l’Union africaine (UA) et d’une diplomatie qui se veut apaisante sur le sujet.
L’expert belge en droit international a mis en exergue dans ce contexte la confirmation de l’Administration Biden de la marocanité du Sahara, ce qui constitue à ses yeux »un événement capital qui modifie les données géostratégiques de la région ».
En quelques années, a-t-il ajouté, ce ne sont pas moins de 21 consulats qui se sont ouverts au Sahara, notant que l’Union européenne garde à cet égard »une position attentiste qui ne sert ni ses intérêts, ni ceux des habitants de la zone ».
Après avoir rappelé les péripéties judiciaires liées aux accords de pêche et agricole entre le Maroc et l’UE, le juriste belge a relevé que la décision des juges de Luxembourg qui a immédiatement fait l’objet d’un appel devant la Cour de justice de l’UE »démontre que la frontière est ténue entre les arguments juridiques et politiques, ce qui n’est pourtant pas le rôle du pouvoir judiciaire ».
Or, a-t-il expliqué, »la décision querellée a des impacts à la fois diplomatiques puisque le Maroc est, de loin, le partenaire le plus fiable de la région, et économiques car si la décision devait être confirmée, les entreprises européennes pourraient être condamnées à payer des montants importants aux plaignants ».
Pour lui, »il est donc urgent que l’UE prenne le dossier à bras-le-corps pour éviter que quelques magistrats soient obligés de régler ce contentieux politique par une focale qui n’est pas de leur ressort ».
M. Saerens a, par ailleurs, mis en exergue la proposition d’autonomie présentée par le Maroc »qui a été saluée par de nombreux intervenants de tous bords politiques ».
L’UE, a-t-il rappelé, a reconnu en 2019 que ce plan d’autonomie »allait dans le bon sens ».
Et d’ajouter que »l’alignement des planètes n’a jamais été aussi favorable à une solution négociée gagnant-gagnant mais nécessite un certain courage politique ».
Dans ce cadre, le professeur Saerens estime que »la présidence française de l’UE s’emparera peut-être du dossier, mais on peut espérer que la Belgique, terre de consensus où bat le cœur de l’Europe, puisse y apporter sa pierre à l’édifice ».