A l’ouverture de son procès, Jonathann Daval réaffirme avoir tué seul sa femme Alexia
« Oui »: après avoir multiplié les versions et les mensonges durant l’enquête, Jonathann Daval a maintenu lundi être l’unique auteur du meurtre en 2017 de sa femme Alexia, au premier jour de son procès devant les assises de la Haute-Saône.
Invité en fin de matinée par le président de la cour d’assises Matthieu Husson à dire s’il confirmait être « le seul impliqué dans la mort de (son) épouse », l’informaticien de 36 ans, les yeux rougis et au bord des larmes, a sobrement répondu « oui ».
Plus de quarante médias sont accrédités pour suivre les cinq jours d’audience, dans le petit tribunal de Vesoul où régnait lundi matin une effervescence inhabituelle avec une forte présence policière, des dizaines de journalistes, les camions satellitaires…
« Vous ne devez pas être jugé différemment parce que cette affaire a connu un retentissement particulier. Je vous dois l’impartialité », a lancé le président Husson à l’accusé dans une allusion à l’extrême médiatisation de cette affaire.
« Hypothétique viol »
« Oubliez la médiatisation », a-t-il encore exhorté. « Regardez la cour et les jurés, ce sont eux qui vous jugeront ».
Jetant quelques regards à sa famille et aux proches d’Alexia, le trentenaire, jugé pour « meurtre sur conjoint » et qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, avait pénétré peu après 09h00 dans le box des accusés, amaigri et vêtu d’une marinière.
L’audience avait débuté par la désignation des jurés, cinq femmes et un homme, dans la petite salle lambrissée de la cour d’assises où de grandes croix blanches tracées sur les bancs rappellent les contraintes sanitaires en pleine épidémie de Covid-19.
La première passe d’armes entre les avocats n’a guère tardé quand ceux de la partie civile, Mes Cathy Richard et Gilles-Jean Portejoie, ont évoqué une possible préméditation et un hypothétique viol de la victime, deux points qui avaient été écartés par la juge d’instruction.
« Aucune investigation supplémentaire sur un viol ante ou post mortem » n’a été demandée par la partie civile au cours des deux années d’instruction du dossier, a promptement répliqué le conseil de Jonathann Daval, Me Randall Schwerdorffer.
De ce procès, les parents d’Alexia, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot qui ont longtemps considéré l’accusé comme leur fils attendent « de nouvelles révélations ». Isabelle Fouillot voudrait d’ailleurs – « si je le peux » -, s’adresser directement à lui mardi.
L’affaire, survenue à l’automne 2017, avait profondément marqué les esprits alors que l’ampleur des violences faites aux femmes éclatait au grand jour avec la vague #MeeToo.
« Peine juste »
Le 30 octobre, le corps en partie calciné d’Alexia Daval, employée de banque de 29 ans, était retrouvé sous des branchages, dans un bois à quelques kilomètres du domicile des Daval à Gray-la-Ville (Haute-Saône).
C’est son mari, Jonathann, qui avait signalé deux jours plus tôt la disparition de son épouse lors d’un jogging.
Les jours suivants, le visage baigné de larmes du trentenaire s’affichait dans les médias.
Mais en janvier 2018, le veuf éploré, placé en garde à vue, craque et avoue le meurtre de sa femme, survenu selon lui lors d’une violente dispute.
S’en suivront deux années d’instruction durant lesquelles Jonathann livrera plusieurs versions, se rétractant, puis accusant son beau-frère, avant de reconnaître de nouveau le meurtre lors d’une audition bouleversante devant le juge d’instruction.
En juin 2019, il avouera enfin lors de la reconstitution avoir incendié la dépouille d’Alexia.
Le soir du meurtre, Jonathann dit avoir refusé un rapport sexuel à sa femme qui, en retour, se serait montrée violente, lui reprochant de « ne pas être un homme ».
« Comprendre »
Alexia, « violente en paroles et en actes », « l’humiliait », a soutenu durant l’instruction l’accusé, qui dit l’avoir « étranglée » et « frappée pour qu’elle se taise », mais sans vouloir la tuer.
A l’audience, l’un de ses conseils, Me Ornella Spatafora, a ainsi interrogé le directeur d’enquête, l’adjudant-chef Franck Paredes, sur les messages houleux échangés par les deux époux, Jonathann apparaissant « plus aux petits soins » qu’une Alexia plus « directe » et qui lui reprochait ses « problèmes d’érection » et l’impossibilité d’avoir des « relations (sexuelles)abouties ».
Mais l’image d’une Alexia dominatrice révulse les parents de la victime.
« Je ne veux pas que ce soit le procès d’Alexia », a prévenu Mme Fouillot. Le verdict est attendu vendredi.