Parité : Les féministes se mobilisent pour un Maroc 50/50
Narjis Rerhaye (A Rabat)
« Le jour où on arrêtera d’exiger les compétences pour les femmes et les moyens financiers pour les hommes pour les mandats électifs, on aura avancé sur la question de l’égalité en politique ! » L’exclamation de Ouafae Hajji, membre fondatrice de Jossour Forum des femmes marocaines résume le projet de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc que porte Jossour avec le soutien de La Fondation Ebert. 15 ans après l’adoption de la liste nationale, ce mécanisme de discrimination positive, le temps est venu de réfléchir de manière sereine à l’inclusion politiques des femmes , loin des enjeux électoraux. Au Maroc, les prochaines élections auront lieu en 2021.
En attendant, le constat est amer. Basée sur une démarche participative, une étude menée par Jossour avec l’appui de la fondation allemande montre la faiblesse de la représentation politique des Marocaines. Les chiffres présentés jeudi 5 avril lors d’une conférence de presse donnée à Rabat donnent sérieusement à réfléchir. Elles sont 2,34% de femmes au sein du gouvernement, ne représentent que 11,83% en tant qu’ambassadeures. Elles ne représentent que 0,16% des walis , 0,58% des gouverneurs ou encore 12% des secrétaires généraux alors qu’elles ne sont que 12% à occuper le poste de secrétaire général.
En politique, ce n’est guère mieux, fait valoir Ouafa Benabdenbi, qui a présenté les principaux de l’étude portant sur l’évaluation des mécanismes de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc. « 203 femmes ont été élues sans quota sur un total de 31 503 élus. A la chambre des conseillers, les femmes représentent un peu moins de 12% dont 2 conseillères siègent au titre du titre du collège des communes et conseils préfectoraux. Quant à la chambre des représentants, la masse critique n’y a jamais été atteinte. Seules 54 femmes ont présentées comme mandataire de liste en ce qui concerne les circonscriptions locales, soit moins de 5% de l’ensemble des listes de candidatures. Sur le plan de la gouvernance, il faut faire remarquer qu’il n’y a aucune femme élue présidente de région et une seule et unique présidente d’arrondissement », rappelle O. Benabdenbi.
Des chiffres et des indicateurs qui expliquent le net recul du Maroc selon le classement mondial établi en janvier 2018 par l’Union internationale des Parlements. Le royaume est en effet au 93ème rang, derrière le Pakistan et juste devant le Bangladesh, perdant 10 places sur le tableau mondial de 2015.
Après l’étude d’évaluation des mécanismes de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc, la deuxième phase de ce grand projet sociétal visant à instaurer la parité démarre dans les tous prochains jours avec l’organisation de tables-rondes. Plus question d’attendre le changement des mentalités dans une société de plus en plus conservatrice. « Les mesures de discrimination positive ont atteint leurs limites. Il faut forcer le changement par la parité » fait valoir Ouafa Hajji , présidente de l’Internationale Socialiste des Femmes, celle par qui la parité s’est imposée au sein l’Internationale Socialiste.
La mobilisation ne fait que commencer pour faire de la promotion de la représentation politique des femmes non pas un slogan de plus mais un principe égalitaire. Les élections de 2021 se préparent dès aujourd’hui. Une campagne nationale pour un Maroc 50/50 en politique et dans tous les autres centres de décision est prévue en 2020. La devise des activistes est toute trouvée : « 2021, ensemble 50/50 ».