Le président palestnien Mahmoud Abbas est arrivé dimanche en France
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est arrivé dimanche soir en France où le chef de la diplomatie Bernard Kouchner a suggéré la proclamation rapide d’un Etat palestinien avant la fin des négociations avec Israël sur les frontières.
Au moment où les négociations sont au point-mort entre Israéliens et Palestiniens, M. Kouchner a évoqué publiquement la piste d’une proclamation rapide de l’Etat palestinien, sans accord avec Israël, une première pour un responsable français.
Dans ce scénario, cet Etat serait proclamé par les Palestiniens, reconnu par la communauté internationale et, dans le cadre de cette dynamique, les négociations sur les frontières de cet Etat pourraient être achevées.
"Recevoir Mahmoud Abbas, le président palestinien (…), c’est soutenir l’homme qui porte la solution de deux Etats", a déclaré vendredi M. Kouchner à l’hebdomadaire "Le Journal du Dimanche".
"La question qui se pose, en ce moment, c’est la construction d’une réalité: la France forme des policiers palestiniens, des entreprises se créent en Cisjordanie… Ensuite, on peut envisager la proclamation rapide d’un Etat palestinien et sa reconnaissance immédiate par la communauté internationale, avant même la négociation sur les frontières", a-t-il ajouté.
Ballon d’essai ? M. Kouchner a pris la précaution de parler en son nom seul.
"Je serais tenté par cela (…). Je ne suis pas sûr d’être suivi, ni même d’avoir raison", lance-t-il prudemment.
De fait, le Premier ministre français François Fillon, en voyage à Amman, a tempéré les déclarations de M. Kouchner.
"Cette suggestion témoigne de cette volonté qui est la nô tre d’accélérer le processus, de prendre des initiatives qui permettent d’enclencher des négociations qui tardent trop à commencer", a-t-il dit à la presse, répétant l’offre de la France d’organiser une grande conférence pour la paix à Paris.
Un haut responsable israélien, sous couvert d’anonymat, a déclaré à l’AFP que l’Etat hébreu s’opposait à la proposition de M. Kouchner.
"Accorder une telle reconnaissance alors que les dossiers du conflit ne sont pas réglés ne ferait que jeter de l’huile sur le feu. Cela ne pourrait que pousser les Palestiniens à se montrer encore plus intransigeants et à rendre ainsi tout compromis impossible", a prédit ce responsable.
En revanche, dans une interview à plusieurs médias français, le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Salam Fayyad a dit vendredi son intention de donner naissance à un Etat palestinien indépendant et viable "dans les faits et sur le terrain" en 2011, quel que soit l’état d’avancement des discussions avec Israël.
Pour relancer le processus de paix, l’Autorité palestinienne compte certes sur Paris, mais surtout sur Washington, pour faire pression sur Israël.
"Nous attendons donc d’autres initiatives des Américains", a déclaré samedi M. Abbas au journal Le Monde, ajoutant qu’en l’absence d’avancée, il craignait un retour de la violence.
Israël est actuellement pris dans une tempête diplomatique après l’assassinat dans un hô tel de Dubaï d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas par des membres d’un commando -soupçonné d’appartenir à ses services secrets- qui ont utilisé de faux passeports de pays européens.