La querelle, c’est bien sûr le différend entre Brice Hortefeux et Michel Mercier à propos du jugement sévère par les juges de Bobigny contre des policiers coupables d’un faux procès-verbal. Tout en leur renouvelant leur confiance, à chacun, le Premier ministre leur a rappelé qu’il ne saurait y avoir d’un côté le ministre des policiers, forcément sécuritaire, et de l’autre, le ministre des juges, forcément laxiste. Mais que les deux étaient, au même titre, les défenseurs d’une même politique pénale, qui se veut ferme, mais qui repose sur l’exemplarité de tous les acteurs, policiers et juges.
L’incident sera-t-il clos ? François Fillon et Brice Hortefeux déjeunent ensemble à Matignon aujourd’hui et le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux effectueront ensuite un déplacement commun dans le Val de Marne, histoire de prouver que l’appel à la cohérence du discours et à la cohésion du gouvernement est bien passé. En tout cas cette unité sur le sujet ultra sensible de la sécurité et de l’ordre républicain est plus nécessaire que jamais pour la droite au moment où l’on constate une remontée dans les sondages du Front national.
François Fillon a expliqué mardi soir devant les parlementaires quelle est sa ligne face au FN, à savoir pas de « complaisance » (ce n’est pas une surprise), mais pas de panique non plus. Pour François Fillon "l’extrême droite ne mérite pas de complaisance, non seulement parce que son projet est dangereux et inconsistant sur le plan économique et social, mais aussi parce que la droite républicaine et le centre (…) sont les cibles principales du Front national ". Ca c’est sur le fond. Sur la tactique, le Premier ministre a rappelé à l’UMP qu’il n’est pas nécessaire de foncer tête baissée dans toutes les provocations, car évidemment c’est exactement ce que recherche le FN. Et ça c’est une réponse à Jean-François Copé qui, devant le conseil national de l’UMP, samedi, avait accordé un large écho aux propos de Marine Le Pen qualifiant d’occupation les prières de rue des musulmans.
D’ailleurs mardi soir, le Premier ministre s’est démarqué du secrétaire général de l’UMP sur un autre point. Alors que Jean-François Copé veut faire vivre les sensibilités au sein du parti majoritaire, François Fillon a invité les parlementaires à ne pas oublié que la diversité était avant tout « au service de l’unité ».
Enfin, dernier point du discours du Premier ministre : le chef de la campagne de 2012, c’est lui. D’où son appel à « faire bloc autour du chef de l’Etat » et le rappel que le président de la République est, en dépit de son impopularité actuelle, le meilleur « atout » de la majorité. Comme toujours, ça va de soi, mais ça va mieux en le disant. Nicolas Sarkozy y sera sensible.