Liliane Bettencourt va être placée sous la tutelle de son petit-fils aîné Jean-Victor Meyers, ses biens et son patrimoine étant placés sous la tutelle de sa fille Françoise et de ses deux petits-fils, a déclaré Me Charlotte Robbe-Phan, à l’issue d’une audience devant la juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine).
Les avocats de Liliane Bettencourt ont annoncé qu’ils faisaient appel. L’appel ne suspend pas la décision de justice, qui est à effet immédiat.
"C’est une décision profondément décevante que je vais avoir du mal à annoncer à Mme Bettencourt", a dit Me Farthouat aux journalistes. "C’est une décision qui m’apparaÂŒt tout à fait criticable. Je vais donc demander ses instructions à Mme Bettencourt au regard d’un éventuel appel."
La tutelle risque de jouer sur la gouvernance de L’Oréal, Françoise Meyers, qui détient 30% de parts de L’Oréal en nue-propriété, étant susceptible de reprendre les droits de vote.
Liliane Bettencourt perd aussi le contrôle des revenus de ses titres – plusieurs centaines de millions d’euros par an – et de divers éléments du patrimoine, l’essentiel étant logé dans Téthys, holding chargée de gérer la fortune, dirigée par Jean-Pierre Meyers, le mari de Françoise Meyers.
La placement sous tutelle de Liliane Bettencourt ne modifie en rien les accords passés entre la famille et Nestlé , précisent dans un communiqué Françoise Meyers et ses deux fils.
Depuis 2010, une enquête pénale s’est développée sur une présumée fraude fiscale, un possible financement illicite de l’UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, et depuis fin septembre, un éventuel abus de faiblesse.
Les juges d’instruction et le parquet de Bordeaux tiennent d’ores et déjà pour acquis l’état de vulnérabilité psychologique de l’héritière de L’Oréal, atteinte d’une maladie neurologique qui affecterait sa mémoire, son raisonnement et favoriserait des décisions sous influence.
Dans une interview au Journal du dimanche, Liliane Bettencourt avait brandi la menace de partir "à l’étranger" si la décision rendue lundi devait la placer sous l’autorité de sa fille Françoise. "Si c’est cela, je pars à l’étranger. Si ma fille s’occupe de moi, j’étoufferai", a déclaré l’héritière de L’Oréal, troisième fortune de France.