Le premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a défendu dimanche la décision de son pays d’accueillir des proches de Mouammar Kadhafi. Alors que cette initiative a suscité des protestations de le rébellion libyenne, le chef du gouvernement algérien a assuré qu’il s’agissait d’«un cas humanitaire dans le cadre du traitement par l’Algérie d’autres cas humanitaires». Il a également précisé qu’ils étaient sous la protection des Algériens.
Le ministère algérien des Affaires étrangères avait indiqué lundi dernier que «l’épouse de Mouammar Kadhafi, Safyia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants étaient entrés en Algérie à 8h45 par la frontière algéro-libyenne». Conséquence de cette annonce: les relations entre Alger et le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de la rébellion libyenne, déjà tendues depuis le début du conflit en Libye, se sont immédiatement envenimées. Le représentant du CNT à Londres, Guma Al-Gamaty, avait jugé «très imprudent» le comportement de ce pays voisin. Il avait réitéré des accusations, pourtant démenties plusieurs fois avec force par Alger mais aussi par Washington et Paris, d’envoi de mercenaires pour soutenir l’ex-homme fort libyen contre la rébellion.
Les membres de la famille Kadhafi séjournant actuellement en Algérie sont «sous la responsabilité des Algériens», a affirmé dimanche Ahmed Ouyahia. «Les Libyens eux-mêmes l’ont affirmé et nous ont demandé de les considérer comme des Algériens». Le premier ministre algérien a également rappelé que «des responsables d’autres pays ont déjà été accueillis sans susciter ce tapage médiatique», citant notamment le cas des membres de la famille du défunt président irakien Saddam Hussein ou l’accueil par l’Arabie saoudite du président tunisien déchu Ben Ali et de sa famille depuis le 14 janvier.
Stabilité
Ahmed Ouyahia a néanmoins prédit une amélioration des relations entre l’Algérie et la Libye. «Le retour de la sécurité et de la stabilité en Libye, que nous souhaitons rapide dans ce pays frère, permettra le retour à nos relations fortes et solides et favorisera la construction de l’édifice maghrébin», a-t-il affirmé. Et d’ajouter: l’Algérie et la Libye «sont liées par des relations de fraternité et de bon voisinage».
L’Algérie est le seul pays d’Afrique du Nord à n’avoir pas reconnu l’instance représentative de la rébellion. Affichant une «stricte neutralité» dans le conflit déchirant son voisin, elle s’est surtout attirée l’accusation de soutien au dirigeant déchu, Mouammar Kadhafi. Alger a toutefois assuré jeudi, à l’occasion d’une conférence internationale à Paris, qu’elle était prête à reconnaître les autorités de transition libyennes et qu’elle excluait d’accueillir Kadhafi.
Par ailleurs, la chaîne de télévision al-Jezira a annoncé dimanche que Mouammar Kadhafi avait été localisé, selon Abdel Hakim Belhadj, le chef militaire des rebelles à Tripoli. Le lieu où il se trouverait n’a toutefois pas été dévoilé.