Le héros de cette crise n’est autre que le premier ministre François Fillon dont on a annoncé cette semaine le parachutage à venir dans la deuxième circonscription de Paris qui englobe entre autres le VII arrondissement dont Rachida Dati est le maire. Ce parachutage, même si pour le moment il a été démenti par le premier ministre, préfigure la bataille de la mairie de Paris que la droite voudrait absolument reprendre à la gauche.
Même si officiellement aucun plan n’est annoncé, la chronique politique avait l’habitude d’attribuer à François Fillon l’idée de quitter la région de la Sarthe dont il est élu pour venir frotter son destin à Paris. Avec cet arrière plan clairement défini: se faire élire député de la capitale pour mieux étoffer sa candidature à la mairie de Paris, fonction qui lui servirait de tremplin pour la présidentielle de 2017. Il ne ferait dans ce cas que suivre l’exemple de Jacques Chirac qui avait fait de la mairie de Paris le bastion actif pour conquérir l’Elysée.
Or ce scénario semble déplaire royalement à Rachida Dati. Elle avait réagi à l’encontre du Premier ministre avec une violence peu coutumière, notamment avec cette phrases choc:" Il y en a un peu assez qu’on s’essuie toujours les pieds sur les femmes!". Elle même se voyait au non de la mixité, de la parité et de la diversité, valeurs promues par Nicolas Sarkozy, déjà en train de batailler pour succéder au socialiste Bertrand Delanoë à la mairie de Paris.
Il faut dire que les relations entre François Fillon, "le bourgeois de la Sarthe", et Rachida Dati n’ont jamais été au beau fixe. Les conditions de son départ du gouvernement et son exil à Bruxelles comme députée européenne ont laissé beaucoup de haine et d’amertume. Rachida Dati avait par ailleurs rejoint le club de Jean François Copé, l’actuel patron de l’UMP et ennemi intime de François Fillon. Jean François Copé est lui même candidat déclaré pour les présidentielles de 2017. il verrait d’un très mauvais œil la consolidation des remparts de guerre à Paris, d’un François Fillon son challenger le plus sérieux à droite.
Dans la récente actualité, Rachida Dati n’a pas existé uniquement à travers les piques empoisonnées qu’elle avait adressées au Premier ministre François Fillon lui conseillant sur un ton sarcastique d’être reconnaissant aux électeurs de la Sarthe. Elle est en pleine promotion de son livre autobiographique "Fille de M’Barek et de Fatim-Zohra, Ministre de la Justice" aux éditions XO. Ce livre corrige les légendes tressées par d’autres livres à charge montrant une Rachida Dati aux dents longues prêtes à tout arriver à ses fins. La presse ne semble avoir retenu de ce livre que l’information glissée entre deux lignes selon laquelle la petite Zohra aurait des demi-Frères et des demi-sœurs. Ce qui limite largement, pour les limiers, la recherche de l’identité du père.
L’autre affaire dans laquelle Rachida Dati avait fait la différence est celle du scandale des accusations portées par l’ancien ministre de l’Education nationale Luc Ferry contre un autre ministre de s’être livré à des actes pédophiles au Maroc. Rachida Dati, en tant qu’ancienne garde des sceaux, fut une des premières à critiquer Luc Ferry pour "non dénonciation de crimes…" .
Rachida Dati, dont un film consacré a son ascension est régulièrement annoncé avec Rachida Barkni dans le rôle titre, a aussi réussi à attirer l’attention dans le film "la conquête" dans le quel Denis Podalydès jouait le rôle de Nicolas Sarkozy. Saida Jawad y joue le rôle de Rachida Dati. A part le rôle d’intermédiaire, porteuse de messages entre Nicolas et Cecilia Sarkozy en pleine crise conjugale Rachida Dati ne semblait pas jouer ce rôle déterminant au sein du premier cercle que la légende lui attribuait.
Par Mustapha Tossa