Nicolas Sarkozy choisit la posture et les mots. Il sait que n’importe quelle respiration de son phrasé, n’importe quelle virgule sera minutieusement disséquée par tous ceux qui se sont mis en tête de cibler les Français au Sahel et de faire de leur enlèvement un sinistre commerce. Et avant de leur parler directement, Nicolas Sarkozy dévoile la stratégie à venir : « La France ne laissera pas ce crime impuni ». Et de préciser ce qui va être dorénavant le code de conduite à suivre : « Face au terrorisme, il n’y a pas d’autre attitude. Ne jamais céder! Ne jamais se laisser intimider! Ne jamais renoncer à poursuivre les responsables, au bout du monde s’il le faut! Patiemment, résolument, méthodiquement! »
Au delà de la nécessaire et permanence coopération entre marocains et français pour continuer à lutter contre Al Qaida promise naturellement à un renforcement , la prestation de Nicolas Sarkozy à Orly devant le corps des victimes de l’attentat de Marrakech donne cette impression de trancher un débat encore fumant dans les rédactions et les chancelleries : Les Français étaient-ils particulièrement visés par l’attentat de Marrakech ? Les avis et les analyses divergent entre ceux qui pensent que vu le nombre élevé des victimes françaises, il n’y aucun doute que le message de Marrakech visait en priorité Paris et ceux qui pensent que cette attentat était aveugle et visait d’abord à porter atteinte à l’économie d’un pays et à ralentir son inexorable marche vers la démocratie.
Le discours d’Orly de Nicolas Sarkozy met en scène une nouvelle posture de la politique française de lutte contre le terrorisme. Elle est basée sur l’action, le volontarisme et la détermination. Les menaces qu’il a formulées contre les groupes terroristes ne semblent pas être des lettres mortes destinées à une consommation domestique. Sans doute faut-il lire la nouvelle stratégie française à l’aune de cette phrase qui malgré son contenu usuel, sonne nouvelle dans la bouche du président de la république : « Les terroristes savent désormais qu’ils n’auront aucun répit, nulle part, jamais. Où qu’ils se trouvent, où qu’ils se cachent, ils seront recherchés, suivis à la trace, débusqués et ils auront à rendre compte de leurs crimes. »
Et comme porter et illustrer la gravité du moment, le ministre de l’intérieur Claude Guéant sonna le lendemain l’alerte rouge. La France craint des représailles après la mort de Oussama Ben Laden. « Les menaces sont partout ».
Le positionnement de Nicolas Sarkozy sur la lutte contre le terrorisme intervient à un moment crucial de son mandat où il tente de mettre en ordre de batailles ses idées et ses troupes. Il a accordé cette semaine une grande interview au magazine « l’Express » avec un titre digne d’un grand slogan électoral : « Je dis aux Français… » . Nicolas Sarkozy est rentré dans la phase cruciale de devoir convaincre les Français qu’il est le meilleur candidat à sa propre succession.
Par Mustapha Tossa