Il ne pouvait pas en être autrement, face à un allié historique des Etats-Unis, dans une région très instable, où le terrorisme islamiste a enregistré, particulièrement au cours des dernières années, un développement sans précédent.
Sorti indemne de l’onde de choc du printemps arabe, également grâce aux réformes constitutionnelles adoptées en 2011, Mohammed VI semble avoir parfaitement compris l’exceptionnel contexte de difficulté que l’administration Obama était entrain de traverser, et en particulier au niveau international, en choisissant et proposant le Maroc comme partenaire stratégique pour l’ensemble de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Une proposition qui aurait trouvé un large soutien à Washington, à commencer par le Secrétaire d’État, John Kerry, depuis longtemps ardent défenseur du rôle vital joué par Rabat, pour la sécurité et le développement du continent africain.
Quelques jours avant la rencontre, neuf anciens ambassadeurs américains, ayant travaillé au Maroc lors des 32 dernières années (L.Kaplan Samuel, Thomas Riley, Margaret D. Tutwiler, Edward M. Gabriel, Marc Ginsberg, Frederick Vreeland, Michael Ussery, Thomas Nassif et Joseph Verner Reed, Jr.), ont adressé une lettre au Président Obama dans laquelle, ils sollicitent, outre la nécessité de renforcer le partenariat stratégique avec les pays de la région MENA "qui partagent nos valeurs et notre vision pour le futur de cette partie du monde", ont souligné comment le Maroc "a été en mesure de persévérer, en dépit des vents d’instabilité traversant toute la région, sur la voie de la démocratie et de l’Etat de Droit à la faveur de réformes importantes, notamment en matière de droits de l’Homme". D’où la demande de soutien, sans délai et par tous les moyens, impliquant également le Conseil de Sécurité des Nations Unies, au plan d’autonomie régionale pour le Sahara proposé par le gouvernement de Rabat en 2007.
De la même teneur encore, le message envoyé à Obama par les membres du Congrès américain, réunis autour du dénommé "Morocco Caucus".
"Fondamentalement, – a affirmé une source sahraouie bien informée – la mission de Mohammed VI, à Washington, s’est conclue de la meilleure façon. Au-delà d’avoir bénéficié de l’appui total de Barack Obama concernant la proposition de l’autonomie régionale pour le Sahara, le véritable inversement de situation a été celui de mettre l’accent sur le cas du front polisario, désormais considéré par les services américains, et pas ces services uniquement, comme un mouvement fortement infiltré par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et le groupe de Mokhtar Belmokhtar, par l’entremise d’émissaires qui vivent en permanence dans les camps sahraouis de Tindouf, dans le sud de l’Algérie. Et c’est précisément sur la question portant sur la lutte contre le terrorisme que les deux chefs d’Etat ont trouvé des points de convergence, stratégiques et opérationnels plus forts, exposant des scénarios pour le renforcement de la coopération entre les deux pays, jusque-là jamais atteints et qui, à partir du Sahel, concerneraient l’ensemble de l’Afrique".
C’est dans ce contexte, qu’Obama a particulièrement apprécié la décision, prise par le gouvernement de Rabat, pour la création "de bureaux régionaux pour les étrangers", dans le cadre de la campagne annoncée le 11 novembre par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, et par le responsable des questions d’immigration, Anis Birou, pour la régularisation de près de 40 mille "sans-papiers", y compris les réfugiés syriens qui ont débarqué, par centaines, dans le pays.
Pio Pompa
Traduction intégrale de l’analyse du quotidien "Il Foglio" du 30/11/13