Venezuela : deux chefs de l’opposition arrêtés

La communauté internationale est vent debout contre cette double incarcération, qui survient deux jours après un scrutin sanglant.

Mardi, Leopoldo López et Antonio Ledezma, deux figures de l’opposition vénézuélienne ont été de nouveau arrêtées, deux jours après l’élection d’une toute puissante Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolás Maduro. Les États-Unis ont exprimé dans la foulée leur « profonde inquiétude » après cette double incarcération, considérée comme une « nouvelle preuve de l’autoritarisme du régime » du chef de l’État vénézuélien. Un sentiment partagé par le haut-commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, qui a demandé leur libération. L’épouse du maire de Caracas, Antonio Ledezma, a appelé le monde à l’aide, lors d’une conférence de presse à Madrid, en réclamant des sanctions économiques contre son pays.

« Nous avons appris qu’Antonio serait détenu à la prison militaire de Ramo Verde (à une vingtaine de kilomètres de Caracas, NDLR), même si officiellement personne n’en a informé la famille », a rapporté la femme de l’opposant, Mitzy Capriles, qui se trouve actuellement en Espagne. « Nous ressentons une profonde angoisse » après cet « enlèvement », a-t-elle dit, assise à côté de la fille cadette du couple, Antonieta.

À la veille de l’installation prévue de cette Constituante, Leopoldo López, 46 ans, fondateur du parti Voluntad Popular (Volonté populaire, droite), et le maire de Caracas Antonio Ledezma, âgé de 62 ans, ont été arrêtés selon leur famille en pleine nuit chez eux, où ils étaient en résidence surveillée. Tous deux avaient déjà été emprisonnés, jusqu’à presque trois ans et demi pour Leopoldo López. « Nous avons reçu des informations des services de renseignement qui faisaient état d’un plan d’évasion », a expliqué la Cour suprême, dans un communiqué où il est également précisé que les deux opposants n’ont pas respecté leurs « conditions de détention » à domicile interdisant tout « prosélytisme politique » pour l’un et toute « déclaration à un quelconque média » pour l’autre. Leopoldo López et Antonio Ledezma avaient appelé à ne pas participer à l’élection dimanche de la constituante, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts.

Opposants et forces de l’ordre s’étaient alors affrontés à Caracas et dans d’autres villes lors de batailles rangées. Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations anti-Maduro. Selon l’ONG Foro Penal, le Venezuela compte quelque 490 « prisonniers politiques ». La coalition de l’opposition Table de l’unité démocratique (MUD) a appelé à une nouvelle manifestation mercredi dans la capitale. « Ils ont pris Leopoldo López et le maire Ledezma pour nous faire peur et nous démoraliser », a déclaré le député d’opposition Freddy Guevara. Mais « la prison et les persécutions contre nos responsables ne stopperont pas la rébellion ».

L’élection – pour une durée indéterminée – des 545 membres de la constituante a été qualifiée de triomphe « historique » par Nicolás Maduro. L’opposition, qui contrôle le Parlement depuis 2016, a boycotté ce scrutin en dénonçant une « fraude » visant à prolonger le pouvoir de Nicolás Maduro, dont le mandat s’achève en 2019.

(Avec AFP)

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