Tunisie: prison ferme pour des rappeurs après un clip insultant la police

Tunisie: prison ferme pour des rappeurs après un clip insultant la police
Quatre artistes accusés d’avoir participé à la réalisation d’un clip vidéo d’une chanson de rap insultant la police ont été condamnés par contumace à deux ans de prison ferme et deux autres à six mois avec sursis, a annoncé l’un de leurs avocats vendredi.

"Le tribunal de première instance de Ben Arous a condamné (jeudi) Sabrine Klibi et Mohamed Elhédi Belgaied Hssine à six mois de prison avec sursis, a indiqué Maître Ghai Mrabet à la radio Kalima.

"Les quatre autres, dont (le rappeur) Weld El 15, ont écopé de deux ans de prison ferme", a-t-il ajouté.

Ils étaient poursuivis pour "complot formé pour commettre des violences contre des fonctionnaires", calomnie de fonctionnaires, et "atteinte aux bonnes moeurs". L’avocat a indiqué qu’il allait faire appel de ce verdict "sévère".

Seuls Sabrine Klibi, actrice dans la vidéo, et Mohamed Elhédi Belgaied Hssine, le cadreur, placés en détention début mars, ont comparu, et ils vont être libérés, a indiqué l’avocat. Les autres accusés sont considérés comme étant en fuite.

Dans cette vidéo (http://www.youtube.com/watch?v=6owW_Jv5ng4), Weld El 15 dit notamment: "Policiers, magistrats, je suis venu pour vous dire une seule chose, vous êtes des chiens", "Je vais égorger un policier à la place du mouton" et encore "Donne-moi un revolver, je vais tirer sur eux".

Un des autres rappeurs condamnés, "Emino", a dénoncé ce jugement, soulignant n’avoir aucun rapport avec le tournage de ce clip et que son nom ne fait qu’apparaître au générique.

"Je n’ai rien à voir avec cette affaire, mon nom a été mentionné pour une dédicace" dans la vidéo, a-t-il dit à radio Kalima.

"Nous (les artistes) ne sommes pas des criminels", a-t-il ajouté, promettant de "quitter la terre tunisienne".

Des artistes tunisiens dénoncent régulièrement des pressions policières et accusent le gouvernement, dominé par les islamistes d’Ennahda, de vouloir juguler la liberté d’expression en invoquant des "atteintes à la morale" ou "au sacré".

Plusieurs artistes ont lancé un appel le 12 mars en faveur des rappeurs qualifiant ces poursuites de "retour alarmant et rétrograde vers des pratiques dignes d’un Etat policier contre lequel le peuple tunisien s’est érigé" lors de la révolution de janvier 2011.

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