« La complémentarité m’a tellement taraudée, m’a tellement perturbée que je me suis imposée d’en analyser la démarche sous l’angle des libertés et sous l’angle juridique. Deux perspectives tellement complémentaires à mon avis » a-t-elle entamé l’article.
Dans le premier axe, elle se réfère aux notions de couple et famille et aux modèles Wahhabistes faisant de la femme l’objet de la volonté du mâle de la famille. Elle explique : « par cette notion de complémentarité, la femme est donc perçue comme étant dépendante de son époux ou pire encore pour la femme célibataire, dépendante de son père, de son frère ou de son fils comme c’est le cas dans les modèles wahhabistes ».
Elle enchaîne alors « la notion de complémentarité pose le risque d’un retour en arrière. Au lieu d’avancer, au lieu de briser ses chaînes, la femme se trouve au contraire enchaînée par son complémentaire ou son complémenté ».
Si le but n’étant pas de reproduire ce modèle et de tuer l’indépendance de la femme, la phrase « l’homme est complémentaire de la femme » devrait être incluse dans le même article selon Mme Souid qui tranche que la suggestion serait refusée car elle impliquerait systématiquement l’égalité entre homme et femme.
Elle illustre : « Je ferai un pas vers eux en leur demandant alors de constitutionnaliser dans le même article le principe miroir de l’homme complémentaire de la femme. Leur réponse sera probablement négative car ils savent pertinemment que juxtaposer la femme complémentaire de l’homme à l’homme complémentaire de la femme implique mathématiquement que la femme est l’égale de l’homme ».
Quant au plan juridique Karim Souid explique « d’un point de vue juridique, cette notion de complémentarité est dangereuse, car non définie juridiquement. Cette absence de définition laisse la porte ouverte à toutes les interprétations doctrinales et jurisprudentielles. Tout ceci représente une dangereuse source d’insécurité juridique à un moment très chahuté de la vie de notre pays.
Seule une constitution lisible est en mesure d’atténuer les risques d’interprétations multiples et rétrogrades. Ainsi, point de libertés sans sécurité juridique. Et point de démocratie sans liberté », dit-elle.