"Je suis vraiment peiné par ce qui se passe en Tunisie", a dit Mouammar Kadhafi dans un discours relayé par l’agence de presse libyenne Jana. "La Tunisie vit désormais dans la peur (…) Des familles peuvent être attaquées et massacrées dans leurs lits et les citoyens dans la rue tuent comme s’il s’agissait de la révolution bolchévique ou de la révolution américaine", a poursuivi le dirigeant libyen, lui-même au pouvoir depuis 1969.
"A quoi cela sert-il? A renverser Zine el Abidine? Ne vous a-t-il pas dit qu’il s’effacerait dans trois ans? Soyez patients pendant trois ans et vos enfants resteront en vie", a-t-il suggéré.
Il a également estimé que Zine El Abidine Ben Ali, définitivement écarté samedi du pouvoir en Tunisie par le Conseil constitutionnel, était "toujours le président légal".
Pour tenter d’éteindre la contestation, Zine Ben Ali a annoncé, jeudi soir, qu’il se retirerait du pouvoir en 2014. Cette annonce n’a pas calmé les manifestations qui ont repris vendredi et abouti à la chute du président tunisien. Le départ en exil de Zine Ben Ali a été suivi de pillages et de multiples actes de violence dans le pays alors que plusieurs dizaines de personnes sont mortes durant le mois de contestation contre le président déchu.
Pour Kadhafi, cette agitation se justifierait uniquement si elle débouchait sur l’instauration en Tunisie du modèle politique qu’il a lui-même mis en place en Libye. Ce régime, baptisé "troisième théorie universelle", substitue à la démocratie représentative une démocratie directe via des institutions appelées comités populaires. Ce type de régime, a-t-il dit, "constitue l’horizon indépassable de la quête démocratique des peuples. S’il s’agit du but poursuivi à travers les événements (en Tunisie), il faut que cela soit clairement affirmé."
Atlasinfo avec Reuters