Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux travailleurs précaires, ont manifesté mardi dans un quartier populaire de Tunis pour protester contre le confinement général en place depuis une semaine, et réclamer des aides promises par le gouvernement.
« Mais de quel Corona vous parlez? Nous allons mourir de toute façon! Laissez-nous travailler! », a lancé un protestataire devant la délégation de Mnilha et Ettadhamen, une institution représentant l’Etat dans ces deux quartiers marginalisés en périphérie de Tunis.
« Laissez-moi ramener du pain à mes enfants! Peu importe si je meurs, je partirai en martyr », a déclaré ce maçon à l’AFP.
Dans ces quartiers défavorisés où les infrastructures de santé sont réduites, de nombreux habitants travaillent à la journée, et se retrouvent privés de revenus depuis que les sorties et activités économiques sont strictement limitées.
« Moi, personnellement, je n’ai pas travaillé depuis 15 jours », a souligné une autre habitante, Sabiha.
La veille, des habitants s’étaient déjà rendus sur place pour réclamer le versement d’aides ou de permis de circuler, et certains, exaspérés, avaient brûlé des pneus et bloqué des routes.
Le Premier ministre Elyes Fakhfakh a annoncé le 21 mars un plan d’aide pour faire face au confinement, dont 150 millions de dinars (50 millions d’euros) doivent être distribués sous forme d’aides directes exceptionnelles pour les plus démunis, sans préciser de dates.
Le ministère des Affaires sociales a finalement précisé lundi que les aides seraient versées entre le 31 mars et le 6 avril, et les manifestants se sont pressés mardi aux portes de la délégation pour inscrire leur noms sur des listes.
« Nous devons faire face à une épidémie. Mais tous les jours, c’est pareil, ils se réunissent devant la délégation », a déclaré à l’AFP Imed Farhat, délégué de Mnihla. « On a demandé aux forces de l’ordre d’intervenir! Mais qu’est ce qu’on peut faire? On doit les écouter! »
La pandémie a mis à genoux le secteur touristique crucial pour l’économie tunisienne, et de nombreux commerces et activités non vitales ont dû fermer leurs portes depuis le début le 23 mars du confinement, initialement prévu jusqu’au 4 avril mais qui devrait être prolongé sous peu.
Une décennie après la chute de la dictature, la Tunisie n’est toujours pas parvenue à répondre aux attentes sociales de sa population.