Transfert: Hatem Ben Arfa, et maintenant Bordeaux
Libre comme l’air depuis cet été et la fin de son aventure tronquée à Valladolid, Hatem Ben Arfa a pris au mot l’admiration que lui porte l’entraîneur de Bordeaux, Jean-Louis Gasset: un club de plus dans sa carrière ou vrai rebond en perspective ?
Bordeaux est donc le 9e club de la carrière de Ben Arfa, à 33 ans, dont six en Ligue 1 (OL, OM, Nice, PSG, Rennes, Bordeaux) et trois en Europe (Newcastle, Hull, Valladolid).
« Je ne vais pas croire au Père Noël à mon âge. Hatem Ben Arfa, c’est un créateur, un génie du football. Si c’est possible… »
Ainsi parlait Gasset il y a deux semaines, à une époque où l’ancien coach des Verts visait un milieu défensif et un attaquant, tout en sachant que son nouveau club ne débloquerait pas le moindre euro sans départ.
Depuis, personne n’a quitté le club dirigé par King Street, rebaptisé « King triste » par des supporters désespérés par la pingrerie de leurs propriétaires américains qui ont donc attendu la fin du bal pour sortir du bois.
Après le défenseur Laurent Koscielny rapatrié d’Arsenal l’été dernier pour donner du relief à leur projet, ils ont cette fois misé sur un autre international tricolore (15 sélections), également trentenaire (33 ans) mais plus porté sur l’intermittence, qui sera présenté jeudi midi au Matmut Atlantique.
Frasques et embrouilles
Partout où il est passé, l’enfant de Clamart a laissé une trace, plus ou moins flatteuse. A Clairefontaine, en préformation (13-15 ans), son talent sautait déjà aux yeux autant que son impulsivité.
Passé pro à Lyon, son entente avec Karim Benzema, comme lui de la fameuse génération 1987, faisait saliver sur le papier. Cela s’est terminé en eau de boudin et par un départ à Marseille où ses frasques, mêlées à un tempérament fort, ont tout fait capoter.
C’est dans l’exode que Ben Arfa s’est trouvé. A Newcastle, avec des buts d’anthologie que n’aurait pas renié le Brésilien Ronaldo, son futur et éphémère président à Valladolid.
Au point d’attirer de nouveau les sirènes de l’équipe de France, quatre ans après ses débuts en octobre 2007 aux Îles Féroé (6-0, 1 but). Mais là encore, son attitude le dessert, que ce soit en club (embrouilles avec son manager Alan Pardew) ou en sélection (il téléphone pendant une causerie de Laurent Blanc).
Congédié de Hull fin 2014 après une prestation jugée « irrespectueuse » – les datas indiquaient qu’il avait moins couru que le gardien de son équipe – Ben Arfa retrouve la lumière à Nice après six mois sans activité.
Placard doré
Son idylle sur la Côte d’Azur va durer un an, le temps que le PSG mette le grappin sur le meilleur joueur français évoluant alors en L1 (17 buts, 6 passes en 34 matches) qui finira réserviste chez les Bleus de Didier Deschamps, son ex-entraîneur à l’OM.
Paris, ses stars, son strass, puis son banc et son placard, certes doré, pour un énorme gâchis au final. Après avoir été le roi à Nice, Rennes veut à son tour en faire son joyau.
Malgré une victoire en Coupe de France que les Bretons attendaient depuis 47 ans, le divorce est prononcé au bout d’une saison après que Ben Arfa eut confié « ne pas prendre de plaisir » dans l’équipe de Julien Stéphan.
Nouveau break de six mois avant une virée quasi-anonyme en janvier dernier du côté de Valladolid où la pandémie de Covid-19 aura raison de ce +come-back+ (deux matches avant la crise, et trois après, le dernier le 7 juillet).
Ben Arfa à Bordeaux, qu’en attendre désormais ? Pour les deux camps, c’est un pari. Les Girondins, qui ont déjà tenté et raté un coup similaire en 2016 avec une autre forte tête, Jérémy Ménez, lui ont proposé une année de contrat assortie d’une autre en option. Le joueur, lui, a consenti un effort salarial (environ 90.000 euros par mois).
Physiquement, Ben Arfa s’est entretenu ces dernières semaines avec un préparateur en espérant ce dénouement heureux avec Gasset, passé maître dans l’art de redonner confiance. A l’instar de ce qu’il avait réalisé ici même en 2008 avec Yoann Gourcuff, qui se morfondait au Milan AC.