Syrie : plus de 1 000 civils tués dans l’offensive sur la Ghouta

Les frappes menées par les forces du régime ont déjà fait plus d’un millier de victimes selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Les forces du régime syrien ont effectué samedi une percée majeure dans la partie rebelle de la Ghouta orientale en isolant Douma, une des grandes villes de ce fief insurgé visé depuis 20 jours par une offensive qui a tué plus de 1 000 civils. Le déluge de feu auquel les forces loyales au président Bachar al-Assad soumettent l’enclave assiégée depuis le 18 février a coûté la vie à 1 022 civils, dont 219 enfants, et en a blessé 4 350 autres selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), provoquant aussi des destructions colossales. Samedi, "huit civils ont été tués dans les villes d’Arbine et Harasta et 20 autres dans la ville de Douma où 17 corps ont en outre été retirés des décombres", selon l’Observatoire.

Profitant de l’impuissance de la communauté internationale et du soutien indéfectible de son allié russe, le régime s’est dit déterminé à reconquérir le dernier bastion rebelle près de Damas, où quelque 400 000 habitants subissent un siège asphyxiant depuis 2013. Il a déjà repris plus de la moitié de l’enclave, vaste de 100 km2, d’où des obus sont tirés sur la capitale, fief du pouvoir, faisant des victimes. Samedi, les forces du régime "ont isolé Douma du reste de la Ghouta orientale, après avoir pris le contrôle de la route la reliant à Harasta à l’ouest et à Misraba au sud", a rapporté l’OSDH. Elles sont parvenues à diviser la Ghouta orientale en trois: Douma et sa périphérie au nord, Harasta à l’ouest et le reste des localités au sud, selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les habitants sont terrés dans les sous-sols

D’après un correspondant de l’Agence France-Presse à Douma, la ville est la cible de bombardements aériens et à l’artillerie. Les habitants sont terrés dans les sous-sol et la cité, qui avait accueilli des déplacés fuyant d’autres secteurs de la Ghouta, est déserte. En outre, les ambulances transportant les blessés parviennent difficilement à atteindre les hôpitaux ou cliniques de fortune à cause de l’intensité des bombardements. Le conseil local de Douma a lancé un "appel au secours" adressé aux organisations internationales, soulignant que "de nombreuses personnes dormaient désormais dans les jardins publics et sur les routes, les abris et sous-sols étant débordés".

Selon la télévision d’Etat syrienne, "l’armée intensifie ses opérations" sur plusieurs fronts. Elle a diffusé des images en direct de la ville de Misraba montrant des dizaines de civils dans un sous-sol sans lumière et un vieillard en pleurs racontant comment sa famille avait dû fuir les bombardements et s’était réfugié à Douma. L’offensive sur l’enclave rebelle a commencé par une campagne aérienne d’une rare violence, même à l’échelle d’un pays ravagé depuis mars 2011 par une guerre qui a tué plus de 340 000 personnes. Elle a été suivie par des assauts terrestres qui ont permis aux prorégime de progresser rapidement.

Le régime cherche à assiéger les fiefs rebelles, parfois jusqu’à la famine. Il l’a fait notamment à Alep, deuxième ville du pays qu’il a repris en décembre 2016 après un siège asphyxiant et des bombardements dévastateurs. Depuis le 18 février, seuls deux convois d’aide ont pu entrer dans la partie rebelle de la Ghouta pour venir en aide à la population, à la faveur d’une trêve quotidienne et partielle annoncée par les Russes, qui n’a néanmoins pas fait cesser les hostilités.

Une région "au bord d’une catastrophe majeure"

Le représentant en Syrie du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Sajjad Malik, qui est entré dans la Ghouta avec un premier convoi lundi, a affirmé que la région était "au bord d’une catastrophe majeure". "Je n’ai jamais vu autant de peur sur les visages", a-t-il affirmé dans un entretien publié sur le site du HCR. Il a décrit un immeuble de cinq étages réduit en décombres et une forte odeur nauséabonde se dégageant de plusieurs corps ensevelis.

Sur un autre front en Syrie, les soldats turcs et leurs supplétifs syriens ont progressé jusqu’aux abords de la ville d’Afrine (nord-ouest) qu’ils veulent prendre aux Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde syrienne qualifiée de "terroriste" par Ankara. "Les forces turques se trouvent à moins de deux kilomètres d’Afrine, au nord-est de la ville" où les combats se poursuivent ainsi que les bombardements aériens et à l’artillerie, a indiqué le directeur de l’OSDH. L’OSDH fait état également de "violents combats sur d’autres fronts où les forces turques et leurs alliés tentent d’avancer pour pouvoir encercler cette ville". La Turquie mène depuis le 20 janvier une offensive pour chasser les YPG d’Afrine, à sa frontière. Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie s’est progressivement complexifié avec l’implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.

Avec afp

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