Syrie: Homs bombardée avant l’arrivée des observateurs de la Ligue arabe

Syrie: Homs bombardée avant l
Au moins 23 morts ont été signalés lundi dans le centre de la Syrie où les forces gouvernementales continuaient de pilonner Homs, malgré l’arrivée imminente d’observateurs de la Ligue arabe précisément chargés de vérifier l’arrêt de la répression sanglante.

Selon les militants des droits de l’Homme, les troupes ont tué au moins 275 civils en une semaine, tandis que les combats entre l’armée et des déserteurs ont fait 150 morts de plus, d’anciens soldats pour la plupart.

Constatant que la répression "n’a fait que s’accentuer en Syrie au cours des dernières semaines", le ministère français des Affaires étrangères a demandé lundi aux autorités de Damas de "permettre, conformément au plan de la Ligue arabe, l’accès dès cet après-midi" lundi des observateurs de l’organisation panarabe "à la ville de Homs (…) où les violences sont particulièrement sanglantes".

"Tout doit être mis en oeuvre pour que s’arrête le drame qui est en train de se dérouler à huis clos dans la ville de Homs", a insisté le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero.

La Turquie a mis en doute les véritables intentions du régime du président Bachar el-Assad, qui a signé un accord avec la Ligue arabe prévoyant la fin de la répression, l’ouverture de négociations avec l’opposition, la libération de tous les prisonniers politiques, le rappel de l’armée dans ses casernes et le libre accès des travailleurs humanitaires et journalistes au territoire syrien.

L’ONU estime que la répression a fait plus de 5.000 morts depuis la mi-mars. Le pays risque de basculer dans la guerre civile, avec la multiplication des affrontements armés.

Les observateurs sont censés s’assurer du respect de l’accord signé le 19 décembre, que l’opposition considère comme une manoeuvre dilatoire de Damas pour repousser de nouvelles sanctions internationales. La Ligue arabe menaçait en effet de se tourner vers le Conseil de sécurité des Nations unies pour faire cesser les violences. L’opposition a exhorté l’organisation dimanche à mettre sa menace à exécution.

"Je doute fort que le régime syrien laisse les observateurs faire leur travail. Je m’attends à ce qu’on essaie de limiter leur liberté de mouvement au motif que certaines zones ne seraient pas sûres, ou en les envoyant ailleurs que là où ils devraient aller", a déclaré Walid al-Bunni, un opposant influent, au Caire.

L’opposition soupçonne le gouvernement, qui assiège le quartier de Bab Amro à Homs depuis vendredi, de préparer une vaste offensive dans ce secteur. Elle accuse l’armée d’avoir intensifié ses attaques en tirant des obus de mortier et en utilisant des mitrailleuses lourdes.

Bab Amro, l’un des foyers des manifestations anti-gouvernementales et des désertions, a subi plusieurs opérations de répression ces derniers mois.

Rami Abdul-Rahman, à la tête de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme basé à Londres, a condamné l’"hystérie" des forces gouvernementales qu’il accuse de vouloir à tout prix reprendre le contrô le de la situation avant l’arrivée de la délégation arabe.

"Les observateurs restent assis dans leur hô tel à Damas pendant que les gens meurent à Homs", résume-t-il. L’Observatoire à exhorté les observateurs à "se rendre immédiatement à Bab Amro pour témoigner des crimes contre l’humanité qu’y perpètre les régime syrien".

Malgré l’absence de signes d’apaisement, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Araby, a déclaré qu’une soixantaine d’observateurs devaient arriver lundi soir en Syrie, où se trouve déjà une équipe chargée de préparer le terrain, et que la mission commencerait mardi. Jusqu’à 500 observateurs devraient être déployés à terme.

L’un des membres de la délégation, Anouar Malek, a assuré qu’elle serait entièrement libre de ses mouvements en Syrie et se rendrait notamment à Homs, Alep (nord), Deraa (sud), Idleb (nord-ouest) et Hama (centre). Il a refusé de divulguer l’itinéraire précis des observateurs.

A Bab Amro, un habitant ayant requis l’anonymat a déclaré à l’Associated Press avoir entendu de "fortes explosions" toute la nuit de dimanche à lundi. "Ca n’arrête pas", a-t-il dit.

Des vidéos amateurs dont l’authenticité ne peut être vérifiée ont été publiées sur Internet. On y voit au moins quatre cadavres baignant dans le sang devant une maison de Bab Amro, où ces personnes auraient été tuées par des tirs de mortiers. Des hommes appellent à l’aide, des femmes pleurent et des habitations et voitures sont détruites.

Selon les Comités locaux de coordination, d’intenses bombardements ont visé "les habitations et tout ce qui bouge" dans ce quartier de Homs, faisant au moins 23 morts.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite