StopCovid: « utile » selon le gouvernement, « liberticide » pour l’opposition

Pour le gouvernement, c’est un « outil au service du citoyen », mais pour une large partie de l’opposition une application « liberticide » et « orwellienne »: le débat s’est engagé mercredi à l’Assemblée sur StopCovid, application pour smartphone controversée, censée aider à lutter contre l’épidémie.

« Toutes les garanties ont été prises pour que la vie privée des Français soit respectée », a assuré la garde des Sceaux Nicole Belloubet en ouverture des débats. C’est une application « temporaire, d’installation volontaire, non identifiante et transparente », a-t-elle listé.

Le gouvernement veut lancer dans les jours qui viennent, pour la deuxième étape du déconfinement, cet outil de traçage. Sur la base du volontariat, StopCovid permettrait à une personne positive au coronavirus d’alerter automatiquement tous les utilisateurs avec lesquels elle a eu un « contact prolongé » récemment, à moins d’un mètre et durant plus de quinze minutes, afin qu’ils se fassent tester à leur tour.

Selon le secrétaire d’Etat du Numérique Cédric O, « StopCovid n’est pas magique » mais « offre un complément utile et nécessaire » aux équipes sanitaires, chargées de retracer les personnes qui ont été en contact avec des malades du coronavirus.

Elle utilise la fonction bluetooth et non la géolocalisation et « il s’agit d’un projet français », a-t-il aussi souligné, avant de s’en prendre à « la peur d’innover », qui laisserait le pays « gérer son déclin ».

A gauche, l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon a mené la charge contre un projet « inefficace » et « liberticide ». « Inefficace » faute de smartphones chez une large part des personnes âgées, et « dangereux » car s’introduisant dans la sphère « intime ».

« Je fais partie de ceux qui ne veulent pas qu’on sache près de qui j’étais à moins d’un mètre, pendant plus d’un quart d’heure. C’est le temps d’un baiser. Ca ne vous regarde pas », a-t-il lancé.

La socialiste Cécile Untermaier a jugé l’application « tardive, peut-être utile mais certainement pas indispensable » et mis en garde contre une société de la « défiance », où l’autre devient une « menace ».

A droite, le chef de file des LR Damien Abad a dénoncé « une application mort-née, qui arrive trop tard un peu comme la cavalerie qui arrive toujours après la bataille dans les BD de Lucky Luke ».

Il a aussi fustigé « l’encadrement de nos libertés et de notre vie privée », un « pas de plus même prudent » vers une société « orwellienne ».

La Marcheuse Marie Lebec s’en est pris aux « instrumentalisations » et aux « caricatures » de l’opposition. Dans la majorité, Laure de la Raudière, du nouveau groupe Agir Ensemble, a insisté sur le feu vert de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil). Celle-ci a estimé mardi que StopCovid respecte la législation relative à la vie privée.

Au MoDem, Philippe Latombe a mis en avant la « souveraineté numérique » française face aux géants américains, grâce à cet outil bâti par les chercheurs d’Inria, l’institut français de recherche en informatique.

Les débats à l’Assemblée comme au Sénat dans la soirée seront suivis de votes, non contraignants pour le gouvernement.

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