Sous-marin danois: la défense mise à mal par une experte en submersibles

Une éminente experte en sous-marins a mis à mal mardi la défense de Peter Madsen, l’inventeur autodidacte danois jugé pour le meurtre de la journaliste suédois Kim Wall en août 2017 dans son submersible artisanal.

Peter Madsen, 47 ans, comparaît depuis le 8 mars devant le tribunal de Copenhague pour répondre de l’agression sexuelle aggravée et du meurtre de Kim Wall, ainsi que d’atteinte à l’intégrité de son cadavre, retrouvé mutilé et démembré dans la baie de Køge au large de la capitale danoise.

L’accusé a d’abord expliqué pendant l’enquête que Kim Wall, qui préparait un article sur l’excentrique Danois, était décédée accidentellement en recevant un panneau d’écoutille sur la tête dans la nuit du 10 au 11 août 2017, et qu’il avait découpé et jeté son corps par-dessus bord pour lui offrir une "sépulture marine".

Avant de changer de version en octobre après que l’autopsie de la tête de la jeune journaliste n’eut révélé aucune lésion ni traumatisme.

Kim Wall, selon la nouvelle version qu’il maintient depuis, est morte intoxiquée par des émanations de monoxyde de carbone à l’intérieur de l’UC3 Nautilus, alors qu’un panneau d’écoutille s’était brusquement refermé sous l’effet d’une chute de la pression d’air.

Dans son rapport, l’experte Ditte Dyreborg, capitaine de corvette connue dans son pays pour avoir changé de sexe et être devenue une femme au terme d’une brillante carrière dans la Marine danoise, a jugé ces explications peu plausibles, voire impossibles. ELle l’a répété mardi à la barre, vêtue de son uniforme militaire.

"Il serait possible de le mesurer dans les réservoirs d’air. Le matériel dont nous disposons peut détecter de très faibles concentrations. Or nous n’avons rien retrouvé. Ni CO (monoxyde de carbone), ni CO2 (dioxyde de carbone), ni NOx (oxyde d’azote)", a-t-elle déclaré.

Manifestement irrité, agité, Peter Madsen a pris des notes pendant la déposition de l’experte et soufflé des indications techniques à l’oreille de son avocate, selon une correspondante de l’AFP.

Querelle d’experts

Après avoir fait admettre au médecin légiste que les causes de la mort de Kim Wall étaient impossibles à déterminer, celle-ci s’est employée à fragiliser la déposition de Ditte Dyreborg, qui a inspecté le sous-marin le 11 août.

"Avez-vous une expérience passée des sous-marins privés", lui demande l’avocate.

"Vous me l’avez déjà demandé, la réponse est non", répond l’experte.

"Avez-vous examiné les filtres à air (du sous-marin, en laboratoire) ?", l’interroge-t-elle encore.

"Non", reconnaît l’experte.

Un autre expert, Kim Winther de l’Institut technologique de Copenhague, a lui au contraire jugé "plausibles" les scénarios et calculs élaborés depuis sa cellule par Peter Madsen avec force croquis présentés à l’audience.

"Ils sont dans l’ensemble correctement réalisés", a-t-il dit.

L’accusation, qui a requis la prison à vie, soutient que l’inventeur a torturé et tué la journaliste afin de satisfaire un fantasme sexuel mais elle manque de preuves matérielles irréfutables.

Les premières audiences ont été consacrées à l’examen de la personnalité de l’accusé, décrit par les experts psychiatres comme un "pervers polymorphe" présentant des "traits psychopathiques", et qui, quelques heures avant d’embarquer Kim Wall sur son sous-marin, tapait sur un moteur de recherche les mots-clés "femme" et "décapitation".

Le verdict est attendu le 25 avril.

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