SNCF : le gouvernement français ne compte pas lâcher face à la grève

L’exécutif se prépare à soutenir le bras de fer d’une grève au long cours des cheminots face aux « conservatismes » et à la « gréviculture ».

L’exécutif se dit « déterminé » à tenir « le cap » de la réforme de la SNCF après avoir lâché un peu de lest, malgré les 36 jours de grève qui se préparent. Alors que les premiers jours de grève de la SNCF auront lieu mardi et mercredi, le gouvernement ne compte pas céder. Pourtant, la grève « s’annonce dure, suivie au moins pour la première, peut-être les deux premières semaines », a souligné lundi sur BFM TV le rapporteur LREM de la réforme ferroviaire à l’Assemblée, Jean-Baptiste Djebbari. « On s’attend à un mouvement social très lourd, très fort, avec un impact très dur sur les usagers du train », selon une source gouvernementale. « Face à ça, à nous d’être dans le respect du cap qui est fixé », a-t-elle affirmé, quand Jean-Baptiste Djebbari a évoqué une réforme « nécessaire » que « le gouvernement et le Parlement sont déterminés à mener ».

L’exécutif entre dans le vif du conflit

Alors que plane le spectre d’une coagulation des revendications (Air France, étudiants, fonctionnaires…), voire des semaines de grève de novembre 1995, le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a lui aussi insisté dimanche sur « la détermination tranquille et totale » du gouvernement. Une formule employée au mot près par Édouard Philippe mardi devant les députés de la majorité, à qui il a demandé de rester soudés face à l’adversité, « plus dans la logique de la tortue romaine que dans l’attitude du sniper embusqué », selon une source parlementaire.

Après un premier test social d’envergure lors des manifestations du 22 mars, l’exécutif entre donc dans le vif d’un conflit assorti d’une bataille de l’opinion. Selon un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, le soutien à la grève progresse dans l’opinion mais n’est pas majoritaire, avec 46 % de Français qui trouvent le mouvement "justifié".

« Sortir de la gréviculture »

De son côté, le porte-parole de La République en marche (LREM) tire la sonnette d’alarme. Gabriel Attal a appelé lundi à « sortir de la gréviculture », assurant ne pas comprendre cette grève qui s’annonce « dure pour les Français ». Selon lui, la réforme a été « annoncée depuis un certain temps », « l’ouverture à la concurrence a été actée en 2015 » et « il n’y a pas eu de mobilisation à cette époque ». Une démarche d’autant plus incompréhensible selon lui que des concessions ont été annoncées par la ministre des Transports Élisabeth Borne.

Sur l’ouverture à la concurrence, « des annonces ont été faites, cela ne sera pas par ordonnances, il y a un calendrier nouveau », et « sur la portabilité des droits des salariés, c’est important ce qui a été annoncé » sur le « sac à dos social » pour les cheminots pouvant être transférés dans de nouvelles sociétés reprenant des lignes, a insisté M. Attal. Et d’affirmer que « l’ouverture à la concurrence, partout où cela été fait, cela a fonctionné », de l’Allemagne à la Suède en passant par l’Italie. « Il faut aussi que la France se bouge et avance », a-t-il exhorté. « Cette grève et cette mobilisation ont été annoncées avant même que le plan du gouvernement soit annoncé », a critiqué l’élu LREM des Hauts-de-Seine, pour lequel « il y a une opposition de principe, un conservatisme » face à une réforme qui sera « votée, adoptée ».

« Un esprit bobo et égoïste »

À ses yeux, « l’important serait peut-être de sortir de la gréviculture », par un chemin « peut-être plus culturel que législatif ». Quant au mouvement dans les universités, cet ancien rapporteur de la loi réformant les règles d’entrée a jugé que c’était « beaucoup de mousse avec peu de savon ». « Il y a quelques foyers où quelques militants politiques bloquent des universités, c’est inacceptable », a lancé ce député de 29 ans, épinglant aussi « un esprit bobo et égoïste » des grévistes, car « tous les étudiants ne peuvent pas se permettre une année supplémentaire ». Il a souhaité « des assemblées générales de déblocage, comme à Nice », et a assuré que « le gouvernement va s’organiser pour que tous les examens, tous les partiels aient lieu à la fin de l’année ».

Interrogé sur une éventuelle coagulation des conflits, ce porte-parole de LREM a répondu : « On lance un certain nombre de chantiers, c’est attendu par les Français, on a été élus pour faire bouger les choses. Il y a des inquiétudes qui s’élèvent et qu’il faut lever […] parfois des positions politiques comme sur les universités. Il faut garder le rythme. »

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