Royaume-Uni : la loi pour éviter un Brexit sans accord franchit une étape décisive

La proposition de loi imposant au Premier ministre Boris Johnson de réclamer à l’Union européenne un nouveau report du Brexit afin d’éviter une sortie du Royaume-Uni sans accord a franchi mercredi une première étape décisive au Parlement.

C’est un camouflet pour le chef du gouvernement, déterminé à faire sortir son pays de l’UE le 31 octobre, même sans accord de divorce. Les députés ont fait dérailler ses plans, en votant à une majorité de 29 voix cette proposition de loi.

Des amendements doivent être discutés avant une troisième lecture dans la soirée. S’il est adopté par les députés, ce texte sera ensuite examiné à la Chambre des Lords.

Le but de ses promoteurs est d’éviter à tout prix une sortie brutale de l’Union européenne, sans accord et sans transition, après 46 ans d’une présence mouvementée. Une demande de délai devrait être approuvée à l’unanimité des 27 autres Etats membres de l’UE.

Farouchement opposé à tout nouveau report, Boris Johnson doit contre-attaquer dans la soirée en présentant au vote des députés une motion en vue de convoquer des législatives anticipées pour le 15 octobre, espérant ainsi rebattre les cartes.

Ce texte, qui doit recueillir les deux tiers des voix, a toutefois peu de chances d’être adopté puisque le Labour, principale formation d’opposition, a d’ores et déjà prévenu qu’il le rejetterait, préférant d’abord s’assurer que la proposition de loi destinée à repousser le Brexit soit votée.

En outre, le Premier ministre a perdu mardi la majorité absolue à la Chambre : un député a fait défection et 21 autres ont été exclus du parti pour avoir voté avec l’opposition en vue de lui forcer la main sur le Brexit.

Pas de quoi inquiéter le président américain Donald Trump: "Il sait comment gagner. Ne vous inquiétez pas, ça va aller", a déclaré M. Trump, évoquant son "ami" Boris Johnson depuis le bureau oval.

"Fin de l’austérité"

Pendant que les députés votaient, quelques centaines de manifestants hostiles au Brexit étaient rassemblés en fin d’après-midi aux abords du Parlement, drapeaux européens à la main.

"Une sortie sans accord est tout à fait inacceptable", a dit à l’AFP Jack Hargreaves, 34 ans, tenant une pancarte réclamant un second référendum sur le Brexit. "J’espère que les députés empêcheront un +no deal+ et qu’on aura ensuite des élections générales", a aussi dit Suzanne Fitzgerald, 59 ans, brandissant un grand drapeau européen.

Tandis que le gouvernement se prépare à l’éventualité de ces élections, le ministre des Finances Sajid Javid a proclamé "la fin de l’austérité" à la Chambre des Communes, annonçant une hausse des dépenses dans les services publics et les infrastructures.

Il a confirmé avoir débloqué deux milliards de livres de plus pour assurer la mise en place du Brexit l’an prochain, via le recrutement de douaniers, l’aménagement des ports ou encore le soutien aux entreprises.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney a quant à lui jugé que l’impact d’un Brexit sans accord serait "moins grave" qu’il ne le prévoyait l’an dernier, dans une lettre publiée sur le site du Parlement.

L’institution a ramené de moins 8 % à moins 5 % son estimation de recul du produit intérieur brut en cas de "no deal", notamment grâce aux "améliorations dans la préparation".

Risque "accru" de "no deal"

Affichant son optimisme contre vents et marées, Boris Johnson a assuré faire d’"importants progrès" dans les négociations avec l’UE.

Mais le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney a affirmé qu’il n’y avait " aucune proposition du gouvernement britannique qui puisse servir de base à une discussion et à une négociation", sur la télévision RTE.

Le divorce doit être acté dans moins de deux mois et le risque que le Royaume-Uni quitte l’UE sans accord s’est accru, a constaté la Commission européenne.

Face à cette éventualité, l’Union européenne est prête à mobiliser 780 millions d’euros d’assistance financière d’urgence pour les Etats membres les plus touchés par des répercussions économiques.

Le prochain sommet européen, où se jouera le sort du Brexit, aura lieu les 17 et 18 octobre à Bruxelles.

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