Roumanie: le pro-européen Iohannis en bonne voie pour un second mandat

Les Roumains votaient dimanche pour élire leur président, un scrutin qui devrait reconduire le libéral sortant Klaus Iohannis pour un second mandat face à l’ex-Première ministre de gauche Viorica Dancila et confirmer l’ancrage pro-européen du pays.

Les bureaux de vote ferment à 19H00 GMT. Des estimations seront diffusées aussitôt après et les résultats partiels seront publiés dans la soirée.

"J’ai voté pour une Roumanie moderne, européenne, normale", a déclaré M. Iohannis aux journalistes.

Cet ancien professeur de physique âgé de 60 ans et issu de la minorité allemande était arrivé largement en tête au premier tour le 10 novembre, avec 38% des suffrages.

A la mi-journée, environ un quart des 18,2 millions d’inscrits avaient exprimé leur suffrage.

La mobilisation était forte parmi les 4 millions de Roumains vivant à l’étranger, dont plus de 560.000 avaient voté, alors que les urnes s’étaient ouvertes dès vendredi matin pour eux.

"J’ai voté en pensant à mes enfants qui ont émigré aux Etats-Unis, j’espère qu’ils vont rentrer en Roumanie, trouver un emploi ici", dit à l’AFP Elena, 70 ans, une retraitée.

Cristina, 42 ans, qui travaille dans la santé, espère que la "démocratie prévaudra, pour que les Roumains puissent enfin vivre en paix" et tourner la page des crises à répétition provoquées ces dernières années par les sociaux-démocrates (PSD).

Cette élection, qui intervient trente ans après la chute du Rideau de fer, devrait confirmer l’attachement des Roumains aux valeurs européennes, à contre-courant d’autres pays de l’ancien bloc communiste, comme la Hongrie et la Pologne où les discours souverainistes et nationalistes trouvent un large écho, estiment les analystes.

"M. Iohannis représente l’unique option européenne et euro-atlantique" et garantit la "prédictibilité" de la politique étrangère de Bucarest, a déclaré à l’AFP l’ex-chef de la diplomatie Cristian Diaconescu.

Mme Dancila, 55 ans, propulsée sur le devant de la scène par Liviu Dragnea, l’ancien chef du parti social-démocrate (PSD) aujourd’hui incarcéré pour corruption, a axé sa campagne sur la "défense des Roumains".

"J’ai voté pour un mandat présidentiel où l’on voie davantage d’implication, de respect pour le peuple roumain et pour nos intérêts nationaux", a-t-elle déclaré.

Après 21 mois chaotiques, le gouvernement Dancila a été renversé en octobre par le Parlement et remplacé par un cabinet de centre droit sous la houlette du Parti national libéral (PNL), dont est issu M. Iohannis.

Cette brutale sortie de scène a affaibli la candidature de l’ex-Première ministre dans un contexte où le PSD, qui a dominé la vie politique roumaine depuis 1990, a multiplié les revers après sa victoire aux législatives de 2016.

– Un pays qui change –

Durant ses presque trois années de cohabitation houleuse avec la gauche, Klaus Iohannis s’est livré à une guerre d’usure pour entraver la réforme du système judiciaire menée au pas de charge par le PSD.

Décriée par Bruxelles comme portant atteinte à l’Etat de droit et contestée des mois durant par des dizaines de milliers de manifestants, cette réforme a coûté au PSD plus d’un million de voix, estime le sociologue Alin Teodorescu.

Les sociaux-démocrates, héritiers de l’ancien parti communiste, ont même perdu en popularité dans leurs bastions de la campagne. L’émigration et l’accès à internet, qui ont permis aux Roumains de découvrir l’Europe de l’ouest, ont modifié leurs préférences électorales, au détriment du PSD, explique l’anthropologue Vintila Mihailescu.

Il y a deux semaines, Mme Dancila avait recueilli moins de 3% des voix parmi les émigrants en quête de meilleures conditions de vie.

"Les partis politiques devront offrir quelque chose de tangible à ces Roumains de la diaspora qui ne pourront plus être achetés avec des cadeaux électoraux. Ils veulent des autoroutes, des services médicaux de qualité pour leurs familles restées au pays", souligne le sociologue Sebastian Lazaroiu.

Septième pays le plus peuplé de l’Union européenne avec 19,4 millions d’habitants, la Roumanie affiche de profondes disparités entre centres urbains dont le niveau de vie se rapproche des standards européens et zones rurales parmi les plus pauvres du continent. Près d’un Roumain sur deux vit à la campagne.

Ces dernières années, la Roumanie a enregistré de forts taux de croissance économique (7% en 2017 et 4,1% en 2018), dopée par des hausses des retraites et des salaires dans le secteur public octroyées par le PSD. Mais ces largesses ont suscité l’inquiétude de l’UE et du Fonds monétaire international (FMI) qui ont mis en garde contre une explosion du déficit.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite