Rex Tillerson s’attend à des discussions « difficiles » avec la Turquie

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson s’attend à des discussions "difficiles" la semaine prochaine à Ankara avec la Turquie, son allié au sein de l’Otan, notamment sur le conflit en Syrie, selon son entourage.

"Nous les exhortons à faire preuve de retenue dans leurs opérations à Afrine, et à faire preuve de retenue tout au long de la frontière dans le nord de la Syrie", a déclaré vendredi à des journalistes un haut responsable du département d’Etat américain, avant la tournée du chef de la diplomatie au Moyen-Orient et en Turquie. L’idéal serait de "mettre fin" à ces opérations "le plus vite possible", a-t-il ajouté, promettant un message "ferme" à cet égard.

Ankara a lancé fin janvier une offensive dans le nord-ouest syrien contre une milice kurde considérée comme "terroriste" par les autorités turques mais soutenue et armée par Washington pour lutter contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Cette opération a tendu des relations déjà compliquées entre les deux pays, d’autant que le président turc Recep Tayyip Erdogan appelle aussi les Etats-Unis à retirer leurs soldats de la ville syrienne de Minbej dont il veut chasser cette milice.

"Evidemment, nous devons travailler avec les Turcs pour mieux comprendre leurs intentions à long terme" et pour "trouver, si c’est possible, une manière de travailler avec eux pour répondre à leurs inquiétudes légitimes sur leur sécurité, tout en minimisant les victimes civiles et sans perdre de vue le combat contre l’EI, qui n’est pas terminé", a dit le responsable américain qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.

"Donc la discussion s’annonce difficile", a-t-il reconnu, soulignant que "la rhétorique turque a été très enflammée sur ce sujet".

Au-delà, plusieurs dossiers épineux doivent également être évoqués lors de la visite de Rex Tillerson, notamment les droits de l’Homme et les arrestations jugées "arbitraires" par les Etats-Unis dans le cadre de l’état d’urgence instauré après le putsch raté de l’été 2016, dont l’incarcération d’employés locaux des missions diplomatiques américaines ou encore du président d’Amnesty International pour la Turquie, Taner Kiliç.

"On ne va pas y aller par quatre chemins. On a demandé publiquement aux Turcs de libérer ces gens, et nous avons été très fermes dans nos échanges privés aussi", a dit un second responsable du département d’Etat au sujet des employés des missions diplomatiques américaines.

Il a concédé que les relations américano-turcs traversaient une phase "difficile". "Les Turcs sont en colère", a-t-il estimé.

"Mais nous pensons qu’il y a encore des intérêts partagés fondamentaux sur lesquels reposent nos relations avec les Turcs, s’agissant de la stabilité en Syrie, du combat contre l’EI" ou contre les séparatistes kurdes du PKK et "plus largement de l’équilibre régional", a-t-il toutefois insisté.

Le premier responsable a rappelé qu’Ankara était "un important allié au sein de l’Otan, l’un de nos plus importants alliés dans le monde et certainement dans la région". "Même si on traverse une mauvaise passe, nous devons y aller et nous confronter aux sujets qu’il faut régler", a-t-il ajouté. (afp)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite