Dans une impasse financière, la compagnie aérienne française a reçu 14 offres de reprise ou marques d’intérêt, qu’elle espérait voir améliorées.
Les candidats à la reprise avaient jusqu’à mercredi soir pour ajuster leurs offres, avait indiqué le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
Certaines s’inscrivent dans le cadre d’un redressement judiciaire, tandis que d’autres proposent de reprendre une partie de l’activité et du personnel après la liquidation de l’entreprise qui emploie quelque 1.150 personnes, dont 800 en France et 350 en Algérie.
"On se positionne bien sûr de préférence pour un redressement", a déclaré à l’AFP Loïc Philippot, vice-président du Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) Aigle Azur.
"Tout le monde ne classe pas les offres de la même façon. Les PNC (personnel navigant commercial, les hôtesses et les stewards, NDLR) et les jeunes co-pilotes comptent sur l’offre Air France alors que le personnel au sol a très peur de cette offre", a-t-il ajouté.
Air France a confirmé à l’AFP avoir déposé une offre, sans en donner la teneur. Pour certains syndicats, elle serait nettement insuffisante, le groupe souhaitant liquider la société puis effectuer un processus de sélection pour réembaucher une partie du personnel.
En revanche, pour SNPNC-FO, cette proposition permettrait d’offrir "des emplois pérennes" au personnel d’Aigle Azur, souligne le syndicat national dans un communiqué.
"L’offre de Guérin sort du lot pour les employés", a estimé auprès de l’AFP une source au sein des salariés. L’ancien PDG de Hop! (groupe Air France) Lionel Guérin proposerait de reprendre l’ensemble des salariés, mais le financement de son projet semble moins abouti, selon des sources internes.
Le gouvernement voit sa proposition "d’un bon œil", a confié à l’AFP une source proche du dossier.
– Un "projet industriel" –
A l’inverse, l’offre inattendue du fonds américain Cyrus Capital Partners serait très solide financièrement. Le fonds "a déjà un pied dans l’aéronautique" mais "ils ont besoin d’un projet industriel", a relevé une autre source au sein des salariés auprès de l’AFP.
Parmi les autres candidats, le groupe Dubreuil, propriétaire majoritaire d’Air Caraïbes, a confirmé à l’AFP avoir déposé une offre partielle, restant lui aussi avare de détails.
En ce qui concerne les marques d’intérêt, EasyJet avait confirmé à l’AFP "avoir fait part de son intérêt quant aux opérations d’Aigle Azur à (l’aéroport parisien d’)Orly". La compagnie, qui n’a pas souhaité préciser jeudi si elle avait finalement déposé une offre, a toutefois été auditionnée mercredi comme cinq autres candidats par le comité d’entreprise d’Aigle Azur, selon une source syndicale.
Vueling a également fait part de son intérêt, selon une source syndicale. Le grand acteur espagnol du "low cost" est avant tout intéressé par les créneaux d’atterrissage dont Aigle Azur dispose à Paris-Orly. Il s’agit d’un ensemble de 9.800 créneaux horaires annuels dans cet aéroport où le total pour toutes les compagnies est plafonné à 250.000.
De son côté, Aigle Azur n’a pas souhaité faire de commentaires sur les offres.
Un comité d’entreprise extraordinaire de la compagnie se tiendra vendredi pour donner un avis sur les propositions définitives, avant une audience au tribunal de commerce lundi prochain.
En redressement judiciaire, Aigle Azur est dans une telle impasse financière qu’il ne peut ni dédommager financièrement ses clients, ni même assurer le rapatriement des voyageurs dont le vol retour a été annulé.
Au plus fort de la crise, 19.000 passagers se sont retrouvés en difficulté, selon le ministère des Transports.
Avec ses 11 avions, le groupe a transporté 1,88 million de passagers en 2018, année pendant laquelle elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.