Réforme des retraites: durcissement de la mobilisation après le recours par le gouvernement à l’article 49.3

Les syndicats français, fortement opposés au projet de réforme des retraites, ont dénoncé le recours, jeudi, du gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution, pour faire adopter le texte sans vote, appelant à amplifier la mobilisation syndicale et populaire.

Le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, a dénoncé un “passage en force” du gouvernement, après le recours au 49.3.

« La mobilisation des citoyens sous l’impulsion des organisations syndicales n’a pas permis au président de la République d’avoir une majorité pour voter sa loi », a-t-il déclaré aux médias.

« Le passage en force avec l’utilisation du 49.3 doit trouver une réponse à la hauteur de ce mépris du peuple. La mobilisation et les grèves doivent s’amplifier”, a-t-il dit, ajoutant que l’intersyndicale, rassemblant les principaux syndicats du pays, se réunira ce soir pour en définir les modalités.

Pour sa part, le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, a estimé que suite au déclenchement de cet article de la Constitution, « le compromis politique a échoué ».

« En recourant au 49.3 le gouvernement fait la démonstration qu’il n’a pas de majorité pour approuver le report de deux ans de l’âge légal de départ en retraite. Le compromis politique a échoué. Ce sont les travailleurs qu’il faut écouter quand on prétend agir sur leur travail », a-t-il écrit sur Twitter.

Le président confédéral de la Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres (CFE-CGC) a relevé que l’activation du 49.3, constitue « une violence institutionnelle inquiétante”.

« On a un gouvernement qui force le vote quand il est sûr de l’emporter et qui empêche le vote quand il sait qu’il va perdre », a-t-il dit, cité par la presse.

Pour sa part, Laurent Escure, secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) a pointé « un affaiblissement démocratique ».

« En utilisant le 49.3, le Président de la République choisit de répondre à une crise sociale par un affaiblissement démocratique », a-t-il relevé, évoquant une “triple défaite populaire, morale et politique » pour le gouvernement.

Le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), Frédéric Souillot, a quant à lui fait valoir que l’utilisation du 49.3 est une “victoire pour les organisations syndicales”. “L’appel des organisations syndicales de ne pas voter pour ce projet de réforme a été entendu par les parlementaires”, a-t-il ajouté.

La première ministre Elisabeth Borne a engagé, jeudi à l’Assemblée nationale, la responsabilité de son gouvernement à travers l’activation de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire passer sans vote la réforme des retraites, qui avait reçu dans la matinée le feu vert du Sénat, dominé par la droite.

La décision de recourir à cet article constitutionnel a été prise lorsque l’exécutif n’a pas été en mesure de s’assurer une majorité absolue pour passer au vote à la chambre basse du parlement.

En réaction à cette annonce, faite dans un hémicycle bouillonnant où la cheffe du gouvernement a été huée par les députés, des partis des oppositions ont annoncé leur intention de déposer des motions de censure pour faire tomber le gouvernement, alors que des cortèges de manifestants se sont formés près de l’Assemblée nationale et Place de la Concorde.

Mme Borne déclenche ainsi pour la 11ème fois la responsabilité de son gouvernement pour faire valider des projets de loi présentés par le gouvernement depuis son arrivée à Matignon.

Le déclenchement du 49.3 signifie que le projet de réforme des retraites est considéré comme adopté sauf si une motion de censure est présentée par les oppositions dans un délai de 24 heures.

 

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