Procès Merah: un expert enflamme les débats en exprimant un sentiment personnel

Un médecin légiste qui a autopsié le corps d’un des enfants juifs assassinés par Mohamed Merah a enflammé jeudi les débats de la cour d’assises de Paris devant laquelle comparaît le frère du tueur, en exprimant un sentiment personnel.

"Pour moi, assassiner un enfant, c’est tuer l’innocence, la confiance qu’il met dans le monde des adultes, c’est tuer l’avenir, celui d’un monde meilleur, c’est impardonnable", a déclaré l’expert.

Ce médecin légiste venait de livrer à la cour son rapport sur l’autopsie du corps d’Arié Sandler, 5 ans, l’un des trois enfants juifs froidement assassinés le 19 mars 2012 par Mohamed Merah à l’école Ozar Hatorah de Toulouse. Deux tirs ont frappé l’enfant, l’un dans le dos et l’autre dans la tête.
Interrogé par l’avocat de la famille de la victime sur son sentiment en réalisant l’autopsie d’un enfant de cet âge, le professionnel, habitué à livrer des rapports cliniques, a accepté de sortir de sa réserve pour répondre à la question, suscitant une vive réaction d’Antoine Vey, l’un des avocats d’Abdelkader Merah.

"On essaie de faire de la dramaturgie. Évidemment, tout le monde est d’accord pour dire qu’un enfant assassiné, c’est terrible. Mais ce n’est pas le sens du débat et c’est totalement dérogatoire avec les conclusions d’un rapport d’expertise", a-t-il dénoncé.

"Mais acceptez donc que l’on puisse pleurer sur ces enfants morts", a lancé à la défense un avocat de la partie civile.

"Il y a des règles dans un procès d’assises, on ne pose pas ce genre de question", s’est alors emporté Me Christian Etelin, avocat de l’autre accusé du procès, Fettah Malki.
"On pourrait aussi me demander ce que j’ai ressenti à la lecture du dossier d’instruction. On ne peut pas tout utiliser", a-t-il ajouté avant que le président Franck Zientara finisse par calmer les esprits en appelant chacun à la "dignité".

Questionné par une autre partie civile, un premier expert, qui a autopsié Myriam Monsonego, 8 ans, également abattue par Merah à l’école juive par deux tirs dans le dos et dans la tête, s’était, lui, refusé au moindre commentaire personnel. "Je n’ai fait que mon métier", avait-il dit.

Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah a assassiné au nom du jihad trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban, avant d’être abattu le 22 mars dans son appartement par les policiers d’élite du RAID. Son frère Abdelkader Merah est jugé pour "complicité".

AFP

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