Pour une vraie réforme du CFCM, la deuxième religion de France mérite mieux que ça !
Après l’OPA qu’ont lancé Anouar kbibech du RMF, Chamseddine Hafid de la mosquée de Paris et Ahmet Ogras du CCMTF sur le CFCM, bafouant ses statuts et refusant la départementalisation qui garantit une véritable transparence, ainsi qu’une véritable représentativité du culte musulman de France, un collectif de grandes mosquées a publié une tribune pour dénoncer cette mascarade.
Depuis quelques années des structures de coordination de mosquées au niveau départemental, plus ou moins informelles, ont émergé. Le CFCM ne peut les ignorer. Redonner la parole et l’initiative aux acteurs du terrain pour que le CFCM puisse retrouver sa légitimité et sa capacité à répondre aux attentes des musulmans de France n’est plus une option, c’est une nécessité et urgence absolues.
Le projet que compte présenter le CFCM à son Assemblée Générale du, 7 avril 2019, est complètement à l’opposé de tout ce que les musulmans de France attendent. S’il est mis en œuvre, non seulement il n’y aurait aucune évolution à signaler, mais il est à craindre que les efforts entrepris depuis des années pour améliorer les conditions d’exercice du culte musulman soient tous anéantis.
Le CFCM ne s’est donné ni le temps ni les moyens pour mener une réflexion sérieuse sur sa réforme. Les quelques annonces faites ici et là, souvent en réaction à des initiatives qu’il jugeait dangereuses pour son avenir, n’ont pas été suivies de faits. L’annonce de création d’un site internet pour recueillir les propositions et avis des musulmans de France est restée sans suite. Auparavant, le site internet institutionnel du CFCM qui a fonctionné entre 2009 et 2015, a été délaissé et négligé par le bureau du CFCM pour finir en vente aux enchères !
Le « projet de réforme » du CFCM, tant attendu, s’est réduit à quelques modifications des statuts du CFCM. Ces modifications qui concernent essentiellement la répartition des sièges entre fédérations et grandes mosquées est sans aucune vision si ce n’est de faire réélire l’actuel bureau du CFCM. Elles créent, aussi, la division et la méfiance entre les composantes de l’islam de France.
En effet, dans son projet, le bureau du CFCM propose :
1. La suppression des élections dès l’Article 1er, en remplaçant « des associations gestionnaires des lieux de culte participant aux élections du CFCM » par « des associations gestionnaires des lieux de culte affiliées au CFCM, suite à la signature de la charte… ».
2. Les élections supprimées, l’article 5 est modifié pour élargir la part des désignés et en faire un droit réservé aux fédérations et grandes mosquées signataires des accords du 16 décembre 2012 ! Ce choix arbitraire exclut toutes les fédérations et les grandes mosquées apparues après 2012 et les empêche de fait (article 4) d’intégrer le CFCM.
Il semblerait que la modification de cet article avait fait l’objet d’âpres discussions. Le président du CFCM, se rendant compte, qu’il y avait une erreur de calcul conduisant à (50) le nombre de désignés par « les fédérations et les grandes mosquées » au lieu de 45 initialement prévu, a demandé à son bureau de revoir la répartition avant de l’envoyer aux membres de l’AG. Un de ses vice-présidents, lui fit remarquer avec une légèreté déconcertante qu’il ne fallait pas tergiverser et que l’AGE était habilitée à faire passer, si besoin est, le nombre de désignés de 45 à 50 !
3. La modification apportée à l’article 6 rajoute une vice-présidence, exclut le secrétaire général et le trésorier de la présidence collégiale et retire aux anciens présidents du CFCM la qualité de président d’honneur.
4. Le nouvel article 7 est consacré au « Conseil Religieux du CFCM ». Sa rédaction en dit long sur la réalité des annonces faites par le CFCM ces dernières années à son sujet : « Le CFCM a mis en place un Conseil Religieux pour permettre au CFCM de disposer de conseils et avis… », « Le Conseil Religieux existant sera renforcé par l’élargissement à des compétences… », « Le conseil Religieux se dotera d’un comité de coordination… », « Le Conseil Religieux se dotera d’une charte et d’un règlement intérieur… ». La création de ce « Conseil » a été annoncée en mai 2016 (chose que ne précise pas l’article 7) et pour cause : Sa composition est inconnue et aucun conseil, ni avis, ni déclaration n’est à son actif.
5. Dans l’article 8 consacré aux CRCM, la création des Conseils Départementaux du Culte Musulman (CDCM) largement plébiscitée par tous les acteurs du terrain, n’est manifestement pas une priorité du bureau du CFCM. Ce dernier entend désigner les CRCM par le biais de listes communes (négociées entre fédérations). Le BE du CRCM désignera ensuite « 2 à 3 coordonnateurs … lorsque la nécessité s’avère établie ! ».
6. l’Article 10 est consacré à l’association de Financement et de Soutien au Culte Musulman (AFSCM). Sa création a été faite en aout 2018 dans la précipitation comme en témoignent les nombreuses approximations dans ses statuts.
7. Une modification de l’article 13, concerne les délais de convocation d’une l’AG dont l’objet est de modifier les statuts du CFCM. Le bureau du CFCM qui propose de ramener ce délai à 15 jours au lieu de 30 souhaite prendre de court son AG.
Le bureau du CFCM aurait pu consacrer un article à l’Association pour la Prévention de la Violence et de la Radicalisation (APVR) qu’il a crée fin 2014. Probablement, il s’en est abstenu car cette association n’a jamais fonctionné. Pourtant, la lutte contre l’extrémisme se réclamant de l’islam, qui n’est plus une option, devrait figurer aussi parmi les priorités du CFCM.
Un projet réduit à de telles modifications ne peut constituer une réforme. Par certains de ses aspects, il pourrait conduire le CFCM dans une impasse et aggraver la défiance des musulmans à son égard. La deuxième religion de France mérite mieux que ça !
C’est pour toutes ces raisons que nous, membres fondateurs du CFCM, élus du Conseil d’Administration du CFCM, présidents de CRCM, Collectifs départementaux de mosquées, présidents d’associations gestionnaires de mosquées, citoyens musulmans soucieux de transformer le CFCM en une institution digne de nos attentes, signons aujourd’hui cette tribune pour dire notre inquiétude et notre opposition au projet du bureau du CFCM.
Nous appelons à :
– L’abandon du projet encours et l’annulation de l’AG du CFCM du 7 avril 2019
– Réunir une Assemblée Générale du CFCM pour mettre en place une coordination transitoire dont la mission est de mener à bien une vraie réforme du CFCM, respectueuse de l’avis de l’immense majorité des musulmans de France.
– Cette coordination permettra aux mosquées de chaque département de désigner leurs représentants au niveau Régional et National. Ces représentants, légitimés par les acteurs locaux, procèderont à la mise en place des instances régionales et nationales d’un CFCM renouvelé.
Paris le 8 avril 2019
Union des Mosquées de France, Grande Mosquée De Lyon, Grande Mosquée Mohammed VI de Saint Etienne, Grande Mosquée d’Evry Courcouronnes, Grande Mosquée de Strasbourg, des Mosquées de la région Corse, Union des Mosquées de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, Union des Mosquées de la région Occitanie, Union des Mosquées de la Région Nouvelle Aquitaine, Union des Mosquées de la région des Pays de Loire, Union des Mosquées de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Union des Mosquées de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Union des Mosquées de la Région Centre Val de Loire, Union des Mosquées de la Région Grand Est, Union des Mosquées de la Région Ile-de-France, Union des Mosquées de la Région de Normandie, Union des Mosquées de la Région Bretagne, Union des Mosquées de la Région Hauts de France, Fédération Nationale des Musulman de France.