Portes ouvertes des mosquées de France, la démarche pédagogique
Alors que la France entière commémorait le premier anniversaire des attentats contre Charlie Hebdo, les mosquées de France ont décidé d’ouvrir leurs portes aux non musulmans pendant deux jours pour un « thé de la fraternité ».
Par Mustapha Tossa
Sous le désastreux effet des attentats qui ont émaillé la France pendant cette terrible année 2015, nombreux sont devenus réceptifs à ce discours de culpabilisation et de discrimination qui stigmatise ouvertement les Français musulmans et leur attribue l’entière responsabilité de cette dérive sécuritaire. Et parce que tous ceux qui ont porté ces attaques terroristes sont de culture ou d’origine musulmane, l’accusation est généralisée et à tendance à jeter l’opprobre et la suspicion sur l’univers des Français musulmans.
Les mosquées de l’hexagone se sont livrées à cette démanche alors qu’elles sont sous l’effet lourdement accusateur d’être une pièce maîtresse de ce milieu incubateur de la parole et de la démarche radicale. C’est à peine si elles se sont pas accusées d’être les maillons visibles de cette cinquième colonne mystifiée depuis longtemps par l’extrême droite et qui participe à laver les cerveaux et à produire de la main d’œuvre motivée pour entreprises terroristes.
Pour l’encadrement de ces mosquées, ceux qui portent ces accusations graves font opportunément semblant de feindre d’ignorer les résultats d’études sérieuses qui montrent que le grand processus de radicalisation de ces jeunes ne passent que très rarement par les circuits classiques des mosquées et que la grande et infinie influence de la toile conduite par les réseaux sociaux s’est imposée depuis longtemps comme la force inspiratrice et formatrice de ce processus de radicalisation.
L’ouverture des mosquées vise essentiellement à démontrer que l’Islam de France a décidé depuis longtemps d’inscrire son action et son existence dans les territoires de la république et qu’il est surtout une religion de paix et de vivre ensemble. Cette stratégie de prise de distance publique en participant à la communion nationale, qui a pris la forme d’une spectaculaire " journées portes ouvertes", saluée par Bernard Cazeneuve comme hautement symbolique, ambitionne de chasser les démons du préjugé ravageur, du cliché destructeur et des arrière-pensées politiciennes qui surfent allègrement sur les peurs et les angoisses.