Philippe Gautier: à la veille de la visite du président Macron au Maroc, le MEDEF veut consolider l’axe France/Maroc/Afrique

Philippe Gautier est directeur-général du MEDEF International depuis 2013. Il a été secrétaire général du comité Afrique entre 2005-2008.A la veille du premier déplacement du président français Emmanuel Macron au Maroc (14 et 15 juin), ce fin connaisseur des relations France-Maroc et France-Afrique au sein du patronat français souligne la nécessité de consolider les relations économiques avec le Maroc, devenu une « vraie plateforme pour l’Afrique ». Entretien avec Atlasinfo.fr :

Propos recueillis par Ghizlaine Badri

A la veille de la visite d’Emmanuel Macron au Maroc, qu’attendez-vous en tant que MEDEF de ce premier déplacement du président dans un pays du Maghreb et d’Afrique ?

M. Gautier: La visite du président de la république n’est pas une économique au sens strict du terme. Nous avons toutefois prévu un rendez-vous avec ses conseillers diplomatiques afin notamment d’en discuter. Nous souhaitons bien évidemment consolider nos relations avec le Royaume. Nous avions eu un moment de froid avec le Maroc pendant l’ancienne présidence. Ce qui nous a pénalisé. Aujourd’hui comme hier, le Maroc est un partenaire proche et important qui accueille environ 800 entreprises françaises dont 38 du CAC40. Dans le cadre de notre approche africaine, nous souhaitons améliorer notre coopération car le royaume est une plateforme où la France a son rôle à jouer. Au niveau européen, il faut une recomposition du partenariat stratégique avec l’Afrique et nous avons plusieurs chantiers à réaliser ensemble avec le Maroc dans cette dynamique continentale.

Presque toutes les entreprises du CAC 40 sont présentes au Maroc. Considérez-vous le Maroc comme un hub africain ?

Le Maroc est un hub africain à plusieurs niveaux. Le pays joue son rôle de plateforme logistique avec le Projet Tanger MED 1, 2 et 3. Par ailleurs, le Royaume s’est beaucoup modernisé en termes d’infrastructures avec le Projet LGV, mais également dans le domaine urbain. Il y aussi la plateforme financière Casablanca Finance City ainsi que les banques marocaines qui sont pour nous des partenaires solides et qui ont beaucoup investis en Afrique Sub-saharienne. Le Maroc est devenu une vraie plateforme pour l’Afrique. Nous sommes assez complémentaires. Depuis la France, nous pouvons atteindre l’Afrique Sub-saharienne en passant par le Maroc et pour des entreprises étrangères l’axe France / Maroc / Afrique est aussi à explorer. Le Maroc a réintégré l’Union Africaine et va intégrer bientôt la CEDEAO. Il faut également restituer cette relation dans un cadre plus large Union Européenne / Union Africaine qui auront leur sommet le 29 et 30 novembre à Abidjan, et dans ce cadre il faut refonder ce partenariat avec nos deux continents proches pour devenir un partenariat stratégique à long terme avec une dynamique de création d’emplois sur les deux rives de la Méditerranée. Nous y travaillons.

Comment se positionnent les entreprises françaises du CAC40 implantés au Maroc dans le cadre de leur vision africaine ?

Nous sommes en train de définir ce positionnement. Pendant le déplacement d’Emmanuel Macron, ce sujet sera abordé mais il est prématuré d’en parler pour le moment. Nous ne pouvons pas encore donner une vision globale. Cela dépendra des secteurs et de la maturité des entreprises dans leur stratégie africaine. Si on prend, par exemple, une entreprise comme Airbus, elle démarre tout juste sur l’Afrique Sub-saharienne. Le spécialiste de l’Aéronautique a vendu des avions à des compagnies locales, mais sa stratégie sur la région est en cours de construction. Dans le cadre de cette stratégie sur l’Afrique Sub-saharienne, le Maroc pourrait jouer un rôle. C’est un peu tôt pour en parler. C’est aussi bien dans le rapport politique Union Européenne / Union Africaine que dans le cadre économique qu’il faudra agir. La relation franco-allemande et franco-marocaine vont jouer un rôle clé. Nous devons partager notre vision, qui ne sera pas monolithique. Le secteur des utilities est en avance et des coopérations sont déjà établis.

Quelles relations entretenez-vous avec le Patronat marocain ?

La CGEM, est l’une des organisations dont nous sommes le plus proche hors de l’Union Européenne. Nous avons un conseil d’affaires franco-marocain présidé par jean-Paul Herteman, et Marie-Ange Debon qui a remplacé Xavier Belin, disparu il y a quelques mois. Nous nous sommes rencontrés lors des évènements à la COP22 où nous avons eu plusieurs séquences de travail notamment des rencontres de maires des pays africains. Nous avons une relation solide et continue. Pierre Gattaz est en contact avec Meriem Bensalah-Chaqroun, son homologue marocaine avec qui il s’entretient régulièrement.

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