Perquisition à LFI : ouverture du procès de Mélenchon et de cinq proches

Le procès de Jean-Luc Mélenchon et cinq de ses proches pour les incidents ayant émaillé la perquisition au siège de LFI en octobre s’est ouvert jeudi à Bobigny, dans un climat électrique alimenté par les accusations "d’instrumentalisation" de la justice.

Depuis plusieurs semaines, le chef de file des Insoumis dénonce un "procès politique" et affirme ne plus "croire en la justice". En réponse, la garde des Sceaux Nicole Belloubet l’accuse d’être dans "l’invective" et "le complot".

Le procès, prévu sur deux jours, s’est ouvert peu après 9H30. Au juge qui lui a demandé s’il acceptait de comparaître, M. Mélenchon a répondu: "Je crois pas que j’ai le choix, mais oui".

Des rumeurs sur une possible demande de renvoi de l’audience circulaient toutefois au tribunal. "J’apprends ce matin que ce sera une des demandes (…), nous nous y opposerons extrêmement fermement (…) nous n’accepterons pas le renvoi", a déclaré l’avocate de M. Corbière, Jade Dousselin, sur BFMTV. "Nos clients souhaitent être jugés aujourd’hui".

A son arrivée devant le tribunal de Bobigny, ceint de son écharpe tricolore d’élu, M. Mélenchon était resté silencieux laissant à un de ses co-prévenus, le député Alexis Corbière, le soin de prendre la parole. "Tout ça est hors norme, disproportionné depuis le début y compris cette convocation", a-t-il déclaré. "Nous ferons entendre des arguments (…) qui feront comprendre que depuis le début cette affaire est politique".

Autour d’eux et des dizaines de journalistes présents, une cinquantaine de soutiens étaient rassemblés devant le TGI de Bobigny, où l’affaire avait été dépaysée.

"Résistance ! Résistance !", se sont-ils mis à crier à l’arrivée des prévenus, avant d’entamer une Marseillaise.

M. Mélenchon et ses cinq coprévenus — dont le député Bastien Lachaud et l’eurodéputé Manuel Bompard– comparaissent pour "actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation".

Ils encourent jusqu’à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans inéligibilité.

Le 16 octobre 2018, M. Mélenchon s’était opposé avec virulence à la perquisition menée au siège de son parti à Paris dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés de la France insoumise – confiées depuis à des juges d’instruction.

Ce jour-là, le leader du parti, filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, avait d’abord dénoncé une "énorme opération de police politique". Il s’était ensuite rendu avec des proches au siège du mouvement, où une autre perquisition avait viré à la confrontation.

Devant des caméras, il avait appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux où la perquisition était en cours, affirmant notamment: "La République c’est moi! ". On le voyait également bousculer un représentant du parquet ainsi qu’un policier qui tentait de s’interposer.

– Parallèle avec Lula –

Des policiers et magistrats figurent parmi les parties civiles.

Me François Saint-Pierre, qui représente cinq fonctionnaires de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, appelle toutefois à "un débat dans la sérénité et le respect" lors du procès.

"Je souhaite répondre à M. Mélenchon que mes clients sont des fonctionnaires de police qui agissent dans un esprit républicain", poursuit l’avocat qui partagera le banc des parties civiles notamment avec Me Eric Dupond-Moretti.

Avant d’aborder son procès, l’ancien candidat à la présidentielle s’est dit "préoccupé" en recevant Dilma Rousseff, l’ex-présidente de gauche du Brésil qui lui rendait visite à l’Assemblée nationale.

Quelques semaines auparavant, M. Mélenchon, a profité de son périple en Amérique latine pour rendre visite à l’ex-président brésilien Lula en prison et faire le parallèle entre leurs deux situations.

Selon M. Mélenchon, tous deux subissent le "lawfare", une pratique d’instrumentalisation politique de la justice pour museler les oppositions.

Cette position du mouvement est dans la droite ligne d’une rhétorique antisystème, ouvertement populiste, mettant en cause une "oligarchie" tirant les ficelles.

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