Pays-Bas: le député anti-islam Geert Wilders à la conquête des élections municipales

Homme fort de l’opposition aux Pays-Bas, le député anti-islam Geert Wilders veut désormais étendre sa toile et assurer son ancrage au niveau local aux prochaines élections municipales.

Actuellement représenté dans les municipalités de La Haye et Almere (nord), il devrait aligner en vue du 21 mars des candidats dans trente communes du pays, du nord au sud, gonflé à bloc par les vingt sièges décrochés aux législatives l’année dernière.

Les partis néerlandais ont déposé lundi auprès des communes leurs listes de candidats, qui seront rendues publiques vendredi.

Avec cette nouvelle étape, le député à la chevelure peroxydée veut faire de son Parti pour la Liberté (PVV) "un parti qui, localement aussi, est le seul à défendre véritablement notre culture, notre identité, notre liberté, contre l’islamisation".

Et à partir de cette "base renforcée" construire un réseau plus large encore.

Mais le PVV s’essoufle selon les derniers sondages et "est en déclin pour le moment", selon les experts qui soulignent ses faiblesses structurelles.

Les listes sont limitées (9 candidats à La Haye contre une cinquantaine pour les partis traditionnels) et le parti a du mal à recruter, remarque Ruud Koole, politologue à l’Université de Leiden (ouest).

Ce n’est pas la peur de se dévoiler sympathisant d’extrême droite –quelque chose qui est "maintenant accepté, normalisé", selon M. Koole– mais l’absence d’un "appareil de parti" qui entrave le PVV, souligne de son côté Kees Aarts, politologue à l’Université de Groningen (nord).

Le parti "reste toujours un one-man show" où Geert "Wilders veut et doit tout contrôler", poursuit M. Aarts.

M. Wilders admet de lui-même cette difficulté à recruter. "Le parti est assez jeune et on doit parfois faire appel à des personnes qu’on ne connaît pas vraiment" au risque de dérapages, reconnaît-il, cité par le quotidien De Volkskrant.

En décembre, M. Wilders a dû retirer le numéro un de sa liste à Rotterdam après des révélations sur ses liens avec l’historien négationniste britannique David Irving. Une autre ex-candidate avait déclaré qu’elle voulait "pendre" le Premier ministre tandis qu’un troisième, tête de liste à Utrecht (centre), voulait voir la mosquée locale "brûler, pour ainsi dire".

"Cela met en évidence la vulnérabilité du parti", remarque M. Aarts, selon qui "le PVV souffre quelque peu de son manque d’organisation".

Le grand test aura lieu à Rotterdam, considéré comme une "arène de la politique nationale".

La moitié de la population de cette ville portuaire est d’origine étrangère, comme le populaire maire sortant Ahmed Aboutaleb, d’origine marocaine et premier maire musulman aux Pays-Bas.

Le PVV devra aussi y affronter le mouvement populiste Leefbaar Rotterdam (Rotterdam vivable).

Autrefois mené par le populiste Pim Fortuyn assassiné en 2002, dont Wilders est l’héritier politique direct, c’est l’"une des forces politiques les plus stables de ces quinze dernières années", selon M. Aarts.

Autre concurrent pour le PVV mais à distance celui-là: le charismatique et eurosceptique Thierry Baudet qui a annoncé son soutien à Leefbaar durant la campagne.

Son Forum pour la démocratie (FVD) a fait irruption l’année dernière sur la scène politique néerlandaise, remportant deux sièges à la chambre basse du parlement, et représente un "sérieux challenger du PVV", d’après M. Aarts. Le parti plaide pour une "réduction de l’islamisation" et "la sécurité dans la rue".

De quoi empiéter sur les plates bandes du PVV et sur son "monopole" en tant que parti anti-immigration, remarque Philip van Praag, politologue à l’Université d’Amsterdam.

D’autant plus que les libéraux du Premier ministre Mark Rutte et les chrétiens-démocrates, eux aussi, "ont adopté une partie de la rhétorique populiste", constate M. Koole.

Confronté à cette concurrence croissante et secoué par le désordre interne de son parti, le député controversé pourrait ainsi avoir du mal à faire aussi bien qu’aux législatives alors que les derniers sondages lui prédisent une nouvelle dégringolade de près d’un quart des voix par rapport à l’année dernière.

Mais M. Wilders lorgne déjà les élections provinciales et sénatoriales au scrutin indirect de 2019. "Pour Wilders, c’est le niveau national qui compte" avant tout, assure M. Koole. (afp)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite