Pakistan : tollé après l’interdiction de sortie de territoire d’un journaliste

Des organisations de défense des droits de l’homme ont protesté après que le gouvernement pakistanais a interdit à un journaliste renommé de sortir du pays, à la suite d’un article évoquant le soutien apporté en sous-main par les autorités militaires à des extrémistes armés.

Cyril Almeida, rédacteur en chef adjoint de Dawn, le principal quotidien anglophone du Pakistan, a annoncé mardi avoir été "informé" que son nom figurait désormais sur "la liste de contrôle des sorties" du pays.

Son article publié vendredi avait déclenché une vague de réactions, y compris des menaces sur les médias sociaux. Les services du Premier ministre Nawaz Sharif l’ont démenti à trois reprises, dans des termes "glaçants" et proches de "l’intimidation", a critiqué Amnesty International. "C’est une chose de démentir un article de presse, mais c’en est une autre de menacer un journaliste", a écrit Audrey Gaughran pour Amnesty.

Le Pakistan est régulièrement classé comme l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes. Critiquer l’armée y est considéré comme particulièrement risqué.

La Commission indépendante des droits de l’homme du Pakistan a appelé à lever cette interdiction de voyager, "source d’inquiétude pour tous ceux qui croient dans la liberté d’expression", alors que les médias sociaux étaient très divisés entre partisans de la liberté de la presse et ceux accusant le journaliste de troubler la sécurité nationale.

Dans son article, Cyril Almeida écrivait que des hauts responsables civils avaient averti la toute-puissante armée pakistanaise que si elle ne cessait pas de soutenir en sous-main des groupes extrémistes armés comme le réseau Haqqani, allié aux talibans afghans, ou le Lashkar-e-Taiba, accusé des attentats de 2008 à Bombay, le pays risquait de se retrouver isolé sur la scène internationale.

Citant des sources présentes à une réunion entre dirigeants civils et militaires, Almeida a écrit que le gouvernement, dans le cadre d’une nouvelle stratégie, avait averti assez directement l’armée de ne pas interférer lorsque la police mène des opérations "contre des groupes extrémistes bannis, ou considérés jusque là comme intouchables pour les autorités civiles".

Cet article intervient à une période sensible pour Islamabad, obligé de repousser le mois dernier un sommet régional après la décision de l’Inde, du Bangladesh, de l’Afghanistan et du Bhoutan de ne pas se envoyer de représentant au Pakistan.

L’Inde a redoublé ses efforts pour tenter d’isoler diplomatiquement le Pakistan, après une série d’incidents, et Kaboul reproche à Islamabad d’héberger la direction des talibans, sans parvenir à les convaincre de négocier.

Source AFP

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