Netanyahu en Europe avec un discours de fermeté maximale contre l’Iran

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rend lundi en Europe pour délivrer un message d’intransigeance maximale à l’encontre de l’Iran, devant des dirigeants soucieux au contraire de sauver l’accord nucléaire et le dialogue avec Téhéran.

M. Netanyahu, adversaire ardent de l’accord nucléaire et du régime iranien, rencontrera successivement cette semaine la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et la Première ministre britannique Theresa May, sur fond de tensions régionales avivées.

Allemagne, France et Royaume-Uni sont trois des signataires de l’accord nucléaire conclu en 2015 entre les grandes puissances et Téhéran pour tenir la République islamique éloignée de l’arme nucléaire. Leurs leaders défendent résolument l’accord, malgré le retrait américain annoncé le 8 mai avec fracas.

Les suites de ce désengagement devraient reléguer au second plan tout autre sujet cette semaine.

"Je discuterai avec eux des moyens de bloquer les aspirations nucléaires et l’expansion iranienne au Moyen-Orient. J’exposerai nos positions", a dit M. Netanyahu lundi. Ces questions sont "vitales pour la sécurité d’Israël", a-t-il ajouté.
Quelle alternative ?

Israël s’inquiète que l’Iran ne se dote de la bombe atomique dont il se voit comme la cible désignée, a fortiori si la République islamique poursuit ses activités balistiques. Il s’alarme des agissements, déstabilisateurs selon lui, de l’Iran dans la région (Irak, Liban, Yémen) et refuse que son expansion lui permette d’établir une tête de pont en Syrie voisine.

Pendant des mois, M. Netanyahu a martelé que l’accord nucléaire n’avait pas éloigné l’Iran de la bombe, mais l’en avait rapproché. Les rentrées d’argent dégagées, selon Israël, par la levée des lourdes sanctions internationales sur Téhéran ont favorisé les menées néfastes de l’Iran dans la région, dit-il.

Après les sévères dissensions avec l’administration Obama, la concorde entre l’administration Trump et le gouvernement Netanyahu paraît complète sur ce thème.

Le décrochage américain a couronné pour M. Netanyahu un long combat personnel, mais aussi représenté pour Israël et la région un saut dans l’inconnu.

Alors que les deux ennemis iranien et israélien se mesuraient à distance depuis des décennies, une escalade inédite sur le théâtre syrien le 10 mai, après des semaines de tensions et des frappes israéliennes répétées sur des cibles iraniennes supposées, a fait craindre une guerre ouverte.

"Que l’Iran parte du sud de la Syrie (près d’Israël) ne suffit pas", dit M. Netanyahu en invoquant le fait qu’Israël resterait exposé aux missiles à longue portée que l’Iran chercherait à implanter en Syrie, "l’Iran doit donc quitter la Syrie pour de bon".

Les Européens reconnaissent ces préoccupations.

L’Elysée parle de "diagnostic partagé" sur la présence militaire de l’Iran ou de groupes pro-iraniens en Syrie. En revanche, les Européens veulent chercher un arrangement distinct avec Téhéran sur ces questions tout en maintenant l’accord.

Contrairement à ce qu’affirment Américains et Israéliens, l’Iran a respecté l’accord, disent-ils. Cette semaine, MMes Merkel et May et M. Macron attendront sans grande illusion que M. Netanyahu leur présente une alternative à l’accord nucléaire, dit un diplomate européen.

Européens inquiets des sanctions

Les Européens soulignent leur cohésion autour du texte. Ils redoutent que la pression prêchée par Américains et Israéliens serve les radicaux iraniens, pousse l’Iran à reprendre l’enrichissement d’uranium à grande échelle, et que l’option militaire ne prenne le dessus.

L’ancien chef des services secrets israéliens Tamir Pardo a déclaré jeudi à une télévision privée que M. Netanyahu lui avait ordonné en 2011 ainsi qu’au chef d’état-major de préparer dans les 15 jours une attaque contre l’Iran, qui finalement n’a pas eu lieu. Selon M. Pardo, ces instructions pouvaient avoir deux objectifs: soit effectivement frapper l’Iran, soit délivrer un message, par exemple aux Etats-Unis.

Les Européens s’inquiètent aussi du rétablissement des sanctions américaines contre l’Iran et de l’ultimatum fixé aux entreprises étrangères pour cesser de faire affaire avec ce pays, qui frappe durement les Européens.

Parmi les autres sujets devant être abordés, figure le conflit israélo-palestinien, une semaine après la plus grave confrontation entre armée israélienne et groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza depuis la guerre de 2014, et moins d’un mois après des affrontements sanglants dans le même territoire.

Mais les attentes sont minimales. Les perspectives de paix n’ont pas été plus sombres depuis longtemps et l’entreprise diplomatique est paralysée.

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