Cette découverte de la police judiciaire nantaise pourrait permettre d’éclairer les circonstances de la mort de cet animateur périscolaire de 24 ans, dont le corps sans vie a été retrouvé le 29 juillet dans la Loire après environ cinq semaines de recherche et de controverses.
Chargée de faire la lumière sur l’opération policière menée dans la nuit du 21 au 22 juin sur les quais de la Loire pour faire cesser la musique, l’IGPN, la "police des polices", avait indiqué en juillet que ce téléphone avait – via l’envoi d’un SMS – déclenché "un relais téléphonique à 3H16", soit plus d’une heure avant le début de l’intervention.
C’est en se fondant sur ce rapport administratif que le Premier ministre Edouard Philippe avait fin juillet conclu "qu’aucun lien" n’avait pu être établi entre la disparition de M. Caniço et la charge des policiers, qui avaient fait usage de gaz lacrymogène et de lanceurs de balle de défense.
Confirmant une information du Canard Enchaîné, des sources proches de l’enquête ont toutefois indiqué mardi à l’AFP que le téléphone du jeune homme "bornait au moment de l’intervention policière", renforçant le flou sur les circonstances de sa chute dans la Loire.
Selon l’hebdomadaire satirique, ce dernier bornage a été relevé à 4H33 sur le Quai Wilson.
"Le vrai problème c’est que personne n’a vu Steve à ce moment là", confie une source proche du dossier, ajoutant: "On ne sait pas où ni comment il est tombé".
Contactée par l’AFP, l’avocate de la famille Caniço a estimé que cette découverte confortait ses convictions. "Je ne peux pas communiquer sur l’instruction en cours mais je rappelle que je dis depuis fin juillet que la chute de Steve dans la Loire est concomitante de l’intervention policière", a réagi Me Cécile de Oliveira.
L’avocate a également de nouveau critiqué la communication du Premier ministre qui était, selon elle, "beaucoup trop rapide sur un rapport qui moi m’apparaissait d’une qualité extrêmement médiocre".
– "Fadettes" –
Pour s’expliquer, la Direction de la police nationale (DGPN) met en avant les différences fondamentales qui existent entre les enquêtes administratives (dont celle de l’IGPN) et judiciaires.
"La disparition de Steve a été signalée le 23 juin. Les policiers de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) ont alors fait une réquisition des fadettes, c’est à dire des relevés des appels et SMS passés par le téléphone de Steve", a expliqué à l’AFP la DGPN.
"Ces fadettes ont révélé qu’un dernier SMS avait été envoyé à 03H16. Un télégramme, document administratif, a alors été rédigé", précise-t-on à la DGPN.
Pour rédiger son rapport sur l’intervention des forces de l’ordre, l’IGPN a "alors réuni tous les documents administratifs, dont ce télégramme", défend la DGPN.
Dans une enquête administrative, l’IGPN n’a par ailleurs pas le droit d’effectuer des réquisitions auprès des opérateurs téléphoniques, contrairement à ce qu’autorise une enquête judiciaire comme celle ouverte après la mort du jeune homme.
L’enquête a été dépaysée le 4 septembre à Rennes, à la demande des deux juges d’instruction nantais en charge de l’enquête pour "homicide involontaire".
Face aux critiques contre le rapport de l’IGPN, l’Intérieur avait saisi fin juillet l’Inspection générale de l’administration (IGA), l’organe de contrôle du ministère, "pour comprendre les conditions de l’organisation" de la Fête de la musique à Nantes. Ses conclusions sont attendues au plus tard le 15 septembre.