Dans la continuité des approches déjà dévoilées lors des discours de l’été, celui du trône et de l’anniversaire du 20 août, celui de la rentrée parlementaire s’inscrit dans cette tentative royale de tracer le cap d’une action et d’un projet gouvernemental qui vise à libérer les énergies de la société marocaine pour qu’elles puissent créer des emplois adaptés, donner un espoir et un horizon à ses jeunes avec leurs compétences et leurs talents. Cette jeunesse constitue son capital et son atout majeur dans une économie de plus en plus mondialisée.
En s’adressant aux parlementaires, le Roi Mohammed VI souligne à grands traits l’engagement du politique au service du citoyen et l’éthique qui doit le caractériser. Il est demandé à cette classe politique une exemplarité à toute épreuve et une abnégation sans faille au service de l’intérêt général. Cette insistance royale sur la haute moralité qui doit guider les carrières politiques est de nature à provoquer un choc et une alerte chez tout ceux qui ont choisi de servir le public. Le principe d’être responsable et de rendre des comptes n’est plus un vain mot. Il se transforme au fur et à mesure en un principe incontournable qui régit la gestion de l’action publique pour justement la protéger des prédateurs et des corrompus et tout ceux qui considèrent un mandat politique comme une manière de s’enrichir, alors que leur mission première est de servir avec abnégation et un sens élevé du sacrifice les Marocains qu’ils représentent.
Dans sa volonté d’haranguer les parlementaires à inscrire leurs actions dans le service exclusif des marocains, Mohammed VI a pointé cette métaphore vestimentaire qui fait que malgré leurs différences politiques, géographiques et idéologiques, les députés ont choisi l’habit national unifié pour signifier l’unicité du but à atteindre, celui de représenter dignement les Marocains, travailler à leurs prospérité et promouvoir leurs droits. Et pour bien marquer les esprits, le discours royal a fait la nette distinction entre les opportunistes qui cherchent par tous les moyens à assouvir des intérêts égoïstes et les patriotes préoccupés par le seul service de l’intérêt général.
Cette leçon royale d’éthique politique ne restera pas lettre morte tant la volonté de moraliser les professions politiques et d’encadrer et d’inspirer les grands serviteurs de l’Etat est devenue une constance des discours royaux de ces derniers temps. Et devant les parlementaires, Mohammed VI a eu cette phrase qui en dit long sur sa détermination et ses convictions en la matière : «Notre pays fait face à des enjeux et à des défis multiples et imbriqués les uns dans les autres. Pour les relever, l’attentisme et les calculs étriqués ne sont guère permis. »
Dans son discours devant les parlementaires, il était question aussi de solidarité au sens large de terme. Même si ce principe est inhérent aux structures et aux mécanismes qui régissent la société marocaine, il est indispensable, selon le Roi Mohammed VI, de huiler les rouages qui conforte cette solidarité et lui octroyer tous les moyens pour s’exprimer et se déployer. D’où cette volonté de permettre aux initiatives privées, appelées initiatives solidaires, de participer à apporter leurs contributions dans le social et à partager le fardeau de l’Etat dans la gestion des grands défis qui confrontent la société marocaine. Le message royal sur cette problématique semble s’écrire ainsi : Public et privé, tous unis et mobilisés dans leurs efforts d’alléger les souffrances et de réduire les poches de marginalité et de participer conjointement à la prospérité et à la stabilité du pays.
En s’exprimant devant les deux chambres réunies, dont il sait une grande partie représente la paysannerie marocaine , Mohammed VI a accordé une importance particulière au monde rural. Les propositions contenues dans ce discours surtout sur les transformations du foncier agricole et les stratégies d’investissement qui doivent l’accompagner ambitionnent de transformer cet espace rural en un gisement d’emploi pour les jeunes et de participer ainsi à créer une vraie classe moyenne agricole susceptible de participer à l’essor de l’économie marocaine.