Merkel au Caire puis à Tunis pour parler migration et coopération

La chancelière allemande Angela Merkel a entamé jeudi au Caire une tournée de deux jours en Egypte et en Tunisie, pour parler de l’afflux de migrants par la Méditerranée, mais aussi de la Libye et de coopération économique.

Mme Merkel a rencontré le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi à son arrivée au Caire.

"Nous nous sommes mis d’accord sur des points concrets concernant la protection des frontières (…) il faut continuer nos discussions à ce sujet", a indiqué la chancelière au cours d’une conférence de presse commune avec M. Sissi.

La Libye, située entre l’Egypte et la Tunisie, plongée dans le chaos depuis 2011 et tête de pont pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe, était au coeur des discussions de la chancelière avec M. Sissi.

"Il y a aussi des routes pour l’immigration illégale de la Libye vers l’Egypte", a dit Mme Merkel qui a évoqué "l’intérêt commun" des deux pays à "mettre fin à ça".

"La question est de stopper le trafic d’êtres humains et empêcher l’ouverture d’une nouvelle route vers l’Europe via l’Egypte", a dit Mme Merkel.

Mme Merkel, qui avait porté le message de la fermeture des routes migratoires à l’automne au Mali et au Niger, avait prévu d’en faire autant en février à Alger, avant l’annulation de sa visite en raison de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika.

Car avec la fermeture de la "route migratoire des Balkans" début 2016, la Libye est redevenue, malgré les dangers de la traversée, le point de départ numéro 1 pour ceux qui désirent rejoindre l’Europe.

– Des camps pour migrants ? –

Selon les chiffres du gouvernement italien, quelque 13.400 arrivées ont été recensées en janvier et février, soit une hausse de 50 à 70% par rapport aux deux premiers mois de 2015 et 2016.

Mme Merkel, sous pression chez elle et en Europe pour avoir ouvert son pays à plus d’un million de demandeurs d’asile, a depuis début 2016 pris la tête des efforts européens pour réduire l’afflux, prônant notamment des accords de renvoi de migrants vers leur pays de transit, comme c’est le cas avec la Turquie.

La thématique est d’autant plus importante qu’elle risque de dominer la campagne des élections législatives du 24 septembre en Allemagne, lors desquelles Mme Merkel vise un quatrième mandat.

Pour autant, la question controversée de l’installation de camps en Afrique du Nord pour y retenir les migrants ne devrait pas figurer, du moins publiquement, à l’agenda des discussions au Caire et à Tunis.

En revanche, Tunis et Berlin ont affiché leur volonté de tourner la page des tensions sur la question des expulsions d’Allemagne de sans-papiers tunisiens, alors que le gouvernement tunisien a été accusé de freiner artificiellement ces retours.

Selon une source officielle tunisienne s’exprimant sous couvert d’anonymat, la visite de la chancelière est l’occasion de "se focaliser sur les dossiers d’investissements", la relance de l’économie étant une condition clé pour pérenniser la stabilité de la Tunisie.

Jeudi au Caire, la question de la société civile a aussi été abordée, alors qu’en Egypte cette dernière fait l’objet d’une forte pression de la part des autorités.

"Nous avons aussi parlé de la société civile en général et j’ai assuré que l’Etat de droit et une société civile pluraliste sont très importants pour le développement du pays et la société", a estimé Mme Merkel lors de la conférence de presse.

Evoquant dans un communiqué la visite de Mme Merkel au Caire, Human Rights Watch (HRW) avait ainsi estimé que l’Egypte traversait "une crise des droits humains".

"Les autorités ont effectivement interdit les manifestations, emprisonné des dizaines de milliers de personnes – souvent au terme de procès iniques – et interdit le plus grand groupe d’opposition du pays, les Frères musulmans,", selon l’organisation internationale basée à New York.

Mme Merkel était accompagnée d’une délégation de responsables d’entreprises. En présence de M. Sissi et d’hommes d’affaires égyptiens, elle a assisté par vidéoconférence à l’inauguration de trois centrales électriques érigées en coopération avec le groupe allemand Siemens.

Au Caire, Mme Merkel a également rencontré jeudi Ahmed al-Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar, ainsi que le patriarche de l’Eglise copte orthodoxe Tawadros II.

afp

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