Tunisie: suppression du ministère de la Fonction publique après une polémique

Le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed a annoncé jeudi la suppression du ministère de la Fonction publique, quelques heures après le renoncement de son nouveau titulaire à la suite d’une polémique.

M. Chahed "a décidé de supprimer le ministère de la Fonction publique et de la gouvernance et de rattacher les organismes et institutions dépendant de lui à la présidence du gouvernement", a indiqué le gouvernement dans un communiqué.

"Cette décision sera présentée au conseil des ministres conformément à l’article 92 de la Constitution", a-t-il ajouté.

Dans la matinée, Khalil Ghariani, tout récemment nommé au poste de ministre de la Fonction publique lors d’un remaniement restreint, avait annoncé qu’il se désistait pour éviter une crise sociale.

M. Ghariani, membre du bureau exécutif de la centrale patronale Utica, avait été nommé en remplacement d’Abid Briki, un ancien du puissant syndicat UGTT.

Sa désignation a été vivement critiquée par l’UGTT, qui l’a décrite comme une "provocation" et demandé au gouvernement de la réviser.

"Au vu de la tension politique et sociale que nous avons vécue dans le pays ces dernières 48 heures et après mûre réflexion (…), j’ai demandé à rencontrer le chef du gouvernement et je lui ai présenté mon désistement de ce poste", a déclaré M. Ghariani à la radio privée Mosaïque FM à l’issue d’un entretien avec Youssef Chahed.

"Nous devons préserver les équilibres politiques et sociaux dans le pays (…), l’action gouvernementale et même les équilibres entre l’Utica et l’UGTT", a-t-il ajouté. "Ce n’est pas le moment pour ce genre de crise".

Bien que l’UGTT et l’Utica aient reçu le Prix Nobel de la paix en 2015 pour avoir, en compagnie de deux autres organisations tunisiennes, contribué à sauver la fragile transition démocratique du pays, leurs relations sont souvent tendues.

Entré en fonctions l’été dernier après que son prédécesseur eut été jugé en échec sur l’économie, l’actuel gouvernement d’union peine à faire redémarrer ce secteur, régulièrement agité par des crises sociales.

La Tunisie a dû conclure l’an dernier un nouveau plan d’aide de 2,9 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit en échange la mise en oeuvre de réformes socialement sensibles.

Le gouvernement avait notamment adopté un projet de loi de finances prévoyant plusieurs mesures d’austérité, dont un gel des salaires d’un an dans la fonction publique. Au terme d’un bras de fer avec l’UGTT, il a toutefois accepté un simple échelonnement des hausses salariales.

Les gouvernements tunisiens qui se sont succédé depuis la révolution de 2011 ont massivement embauché dans la fonction publique, afin de tenter d’apaiser la grogne sociale.

Avec afp

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