Marrakech: Focus sur « l’écriture de l’histoire des Juifs du Maroc » à l’occasion de la Rencontre sur le Judaïsme marocain

« L’écriture de l’histoire des Juifs du Maroc » a été, mercredi à Marrakech, le thème central d’un panel organisé dans le cadre de la Rencontre sur le « Judaïsme marocain: pour une marocanité en partage », un événement placé sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI.

Dans son intervention, Jamaâ Baida, historien et directeur des Archives du Maroc, a présenté un bref historique des études réalisées sur le Judaïsme marocain, de l’Indépendance à nos jours.

"Nous commençons par l’euphorie de l’Indépendance en 1956 où le mot d’ordre était la religion est à Dieu, la Patrie est à tous" et quand feu Mohammed V a affirmé dans son Discours du 18 novembre 1956 que "les Marocains israélites ont les mêmes droits que les autres Marocains".

Cette époque était caractérisée notamment par une situation économique incertaine consécutive au départ du colonisateur européen, une lutte partisane acharnée, et l’adhésion du Maroc à la Ligue Arabe, a-t-il rappelé, ajoutant que plusieurs facteurs parmi d’autres ont stimulé un processus d’émigration qui n’était pas à son coup d’essai.

Et de poursuivre que "L’histoire gardera écrit noir sur blanc que lors de cette époque, la migration des Juifs aura privé le Maroc de potentialités au moment où il en avait besoin".

L’historien n’a pas manqué de souligner également qu’un intérêt "plus ou moins dépassionné" s’agrandissait au sein de l’Université marocaine où des éclairages nouveaux sur le Judaïsme marocain verront le jour, ajoutant que dès 1970, des recherches universitaires influencées par l’école des Annales en France ont étudié le Judaïsme marocain.

Selon M. Baida, "il n’est donc pas question d’aborder l’histoire du Maroc sans aborder sa dimension juive", faisant observer que ce processus académique a trouvé une bénédiction heureuse dans la nouvelle Constitution et dans les discours prononcés par le Roi Mohammed VI, notamment celui du 13 février 2013 à la Synagogue Slat Alfassiyine.

"Les réformes constitutionnelles engagées au Maroc ont ouvert la voie à un intérêt sans précédent aux particularités identitaires, mettant en exergue le pluralisme et la diversité du Royaume", a estimé M. Baida.

De son côté, Michel Abitbol, historien et spécialiste des relations judéo-musulmanes, a affirmé que l’historiographie du judaïsme marocain, comme celle du Maroc en général, va prendre un nouveau tournant avec l’Indépendance du Royaume et ce, pour plusieurs raisons précédemment citées par M. Baida, mais témoigne que le Maroc aura été une "terre d’accueil" où la communauté juive a joui d’une "pleine citoyenneté".

Et de relever que l’histoire retiendra que Juifs et Musulmans Marocains partageaient mêmes leurs plus intimes habitudes, comme pour l’apparence vestimentaire par exemple qui ne faisait pas la différence entre les membres des deux communautés.

Rappelant que l’histoire des Juifs de par le monde a évolué en dents de scie et a été traversée par des périodes de gloire et de dépression, M. Abitbol a présenté à l’assistance un exposé sur ces étapes historiques, avec un focus sur le modèle judéo-andalous qui "avait émergé dans toute sa splendeur": la poésie, la philosophie et la culture influencées par les penseurs musulmans comme Al-Farabi ont connu leur âge d’or à cette époque, rompu par le massacre de Grenade qui y mettra fin.

"On ne le dira jamais assez, l’influence de l’Islam sur le Judaïsme a donné lieu à une civilisation judéo-arabe extrêmement riche et singulière par sa langue qui constitue un puissant moyen de communication et d’acculturation", a-t-il insisté.

La Rencontre sur le Judaïsme marocain est organisée par le Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME) en partenariat avec le Conseil des Communautés israélites du Maroc (CCIM), rappelle-t-on.

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