La police marocaine a ouvert une enquête préliminaire pour «incitation à la haine et à la discrimination» après des fuites de données privées visant la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres).
Cette enquête a été déclenchée «par la publication par un individu d’un contenu numérique» portant «atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données», a indiqué à l’AFP le porte-parole de la DGSN, sans autre précision.
Un collectif réunissant une vingtaine d’associations de défense des droits humains s’était élevé dimanche contre une «campagne de diffamation» et «d’intimidation» après la publication sur les réseaux sociaux de données personnelles récupérées sur des sites de rencontres spécialisées.
Cette «chasse aux sorcières» a été lancée par un compte Instagram géré par une personne de nationalité marocaine basée en Turquie, qui se fait appeler Sofia Taloni, selon les militants qui suivent le dossier.
Une centaine de noms, accompagnés de photographies et parfois d’adresses ou de numéros de téléphone, ont été diffusés la semaine dernière sur les réseaux sociaux après avoir été récupérés sur différentes applications de rencontres comme Grindr ou PlanetRomeo.
La police est prête à «enregistrer et traiter toutes les plaintes déposées par les plaignants, conformément à la législation en vigueur», a précisé le porte-parole de la DGSN.
La situation est compliquée par le confinement obligatoire en vigueur au Maroc jusqu’au 20 mai pour lutter contre la pandémie de nouveau coronavirus.
Sujet tabou, objet de condamnation sociale, l’homosexualité est considérée comme un délit au Maroc, le code pénal marocain sanctionnant de six mois à trois ans de prison «les actes licencieux ou contre-nature avec un individu du même sexe».
Un total de 170 personnes ont été poursuivies en 2018 pour ce motif, selon les chiffres officiels. Les défenseurs des droits humains demandent depuis plusieurs années l’abrogation de cette loi, ainsi que des articles sanctionnant les relations sexuelles hors mariage et l’adultère.