Coming out
Vingt ans plus tard, un de ses plus fidèles partisans est allé encore plus loin : maire d’Evry et député de l’Essonne, Manuel Valls a récemment prononcé des paroles singulières pour un représentant de la Nation. Le 17 juin, le socialiste était l’invité d’une conférence-débat organisée par l’antenne strasbourgeoise de Radio Judaïca. Interpellé par un membre du public sur l’attitude de la gauche contre l’antisémitisme, Manuel Valls a tenu à se justifier par un biais inattendu : l’évocation de son « lien éternel » -à travers son épouse, la violoniste Anne Gravoin- avec « la communauté juive et Israël ». Depuis trois mois, cette petite phrase était passée curieusement inaperçue, notamment de la part des journalistes politiques du microcosme parisien : Oumma se devait de donc réparer cette cruelle injustice en repérant, découpant et mettant en ligne l’aveu stupéfiant d’un homme à la conquête de la magistrature suprême.
L’extrait complet de cette intervention est encore plus révélateur : laissant éclater sa colère-« Merde, quand même ! », Manuel Valls veut rendre hommage à Lionel Jospin, le Premier ministre qui « s’est pris des pierres pour avoir traité le Hezbollah d’organisation terroriste ». Le député fustige au passage l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, coupable de « regarder Israël depuis la Jordanie avec des jumelles », ainsi que l’ex-ministre des Affaires étrangères, Roland Dumas, qualifié de « sale bonhomme ». A l’inverse, François Mitterrand aurait eu, d’après lui, « les gestes nécessaires » vis-à-vis de l’Etat hébreu. Enfin, Manuel Valls a tenu à rappeler à l’audience son opposition à Tariq Ramadan et à l’UOIF, organisation avec laquelle -selon le député- Nicolas Sarkozy se serait fourvoyé pour « créer les conditions de l’islam de France ».
Contrairement à François Hollande, Arnaud Montebourg -tous deux signataires d’un texte en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien- et, dans une moindre mesure, Martine Aubry et Ségolène Royal -qui se sont relativement prononcées en faveur de la demande d’adhésion à l’ONU, Manuel Valls s’est déclaré -pour sa part- hostile à ce qu’il qualifie, à l’instar du gouvernement israélien, de démarche « unilatérale ». Le 19 septembre, le socialiste rédigea une tribune spéciale parue dans Libération afin d’étayer son propos. Dimanche dernier, interrogé sur Europe 1 par Jean-Pierre Elkabbach et Michaël Darmon, il affirma notamment qu’il n’était pas nécessaire, « dans les conditions actuelles », d’« imposer une décision » et de « braquer Israël » sur le sujet.