Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, vont afficher jeudi l’entente retrouvée entre Paris et Rome à l’occasion d’un sommet franco-italien perturbé par la crise du coronavirus.
Les autorités italiennes ont maintenu cette réunion, prévue de longue date, en dépit de la propagation de l’épidémie de pneumonie virale partie de Chine en décembre, qui polarise l’attention des autorités à Rome comme à Paris.
L’Italie, où le nombre de contaminations a fait boule de neige depuis vendredi, est devenue le pays d’Europe le plus affecté avec plus de 400 cas et 12 décès, selon le dernier bilan des autorités.
Moins touchée, la France a recensé 17 cas et deux décès dont un premier mort Français, annoncé mercredi et qui n’avait pas du tout voyagé dans les zones à risque.
Pour Paris, « il est important d’être présent » aux côtés des Italiens et de « coopérer » dans ce « contexte difficile ».
Aucun sommet franco-italien n’a été organisé depuis celui de Lyon fin 2017, une absence qui témoigne de la période de tensions traversée par les relations entre les deux « soeurs latines » de l’Europe.
En effet, pendant plus d’un an, Paris et Rome se sont livrés à une guerre des mots, qui a culminé avec le rappel temporaire de l’ambassadeur français en Italie, la plus grave crise diplomatique transalpine depuis 1945.
L’ex-ministre de l’Intérieur italienn Matteo Salvini, patron du parti souverainiste de La Ligue, avait pris pour cible privilégiée Emmanuel Macron dont il avait fustigé l' »arrogance » et l' »hypocrisie » en matière d’immigration.
De son côté, Emmanuel Macron avait fait de Matteo Salvini son « opposant principal » en Europe et fustigé la « lèpre nationaliste ».
Relations apaisées
Les relations se sont progressivement apaisées depuis l’avènement, en septembre 2018 d’un nouveau gouvernement Conte de coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche), Matteo Salvini retournant dans l’opposition.
« Nous pouvons bien travailler avec ce gouvernement », estime-t-on à l’Elysée, car « nous partageons de nombreuses convergences », notamment sur la politique européenne.
Ainsi, Paris et Rome sont désormais « sur la même ligne » sur l’accueil des migrants en Méditerranée, un dossier sur lequel les deux capitales s’étaient frontalement opposées.
Cette « nouvelle impulsion » des relations sera au menu des discussions entre MM. Macron et Conte, respectivement accompagnés de 11 et 12 ministres couvrant tous les domaines, de l’économie à la défense en passant par la culture.
Autre sujet de friction il y a peu, le dossier libyen fait désormais l’objet d’un « alignement », selon l’Elysée, entre Paris et Rome, qui travaillent à la relance de la mission navale Sophia, désormais centrée sur le contrôle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye.
MM. Macron et Conte devraient affirmer leur volonté de signer dans les prochains mois le Traité du Quirinal (nom du siège de la présidence italienne), annoncé en 2017 pour donner « un cadre plus stable et ambitieux » à la coopération franco-italienne, sur le modèle du traité franco-allemand.
Le sommet se terminera par un dîner de gala en compagnie du président Sergio Mattarella.