Libye: Vienne bloque les initiatives de l’UE pour faire respecter l’embargo

L’Autriche continue de bloquer la reprise de l’opération navale de l’Union européenne chargée de contrôler l’embargo sur les armes à destination de la Libye, a-t-on appris vendredi de sources européennes.

Des contacts au plus haut niveau sont menés pour tenter de lever ce blocage, mais ils n’ont pour le moment donné aucun résultat, a reconnu un responsable européen sous couvert de l’anonymat. Une réunion des ministres des Affaires étrangères aura lieu lundi à Bruxelles.

« Les Autrichiens continuent de refuser le déploiement de navires et disent être soutenus par les Hongrois », a confié un diplomate européen, à propos du nouvel objectif assigné à la mission de l’UE, baptisée Sophia.

« Sophia pour faire respecter l’embargo sur les armes contre la Libye. Je dis clairement: cela n’arrivera pas », a averti début février le chancelier Sebastian Kurz au quotidien Welt am Sonntag.

« Sophia a toujours été avant tout une mission de sauvetage et est devenue le billet d’entrée en Europe pour des milliers de migrants clandestins », a-t-il soutenu.

L’Autriche et la Hongrie ont toujours refusé de participer à la prise en charge des naufragés sauvés par les navires de Sophia conformément à l’obligation de secours du droit de la mer. Les deux pays s’opposent également à la solidarité au sein de l’UE pour une redistribution des migrants.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a proposé une zone opérationnelle modifiée pour les activités des navires européens chargés de contrôler l’embargo sur les armes des Nations unies contre la Libye. Elles devraient avoir lieu en haute mer en dehors des routes empruntées par les passeurs de migrants.

Mais les Autrichiens restent sourds à ces arguments, ont déploré les interlocuteurs de l’AFP. « Avec cette position, l’Autriche permet de laisser la mer à d’autres et n’aide pas à apaiser la crise en Libye », ont-ils souligné, dans une allusion à la Russie et à la Turquie qui soutiennent des camps opposés dans ce pays.

Les livraisons d’armes viendraient de l’est, a déclaré Josep Borrell dans un entretien à l’hebdomadaire Die Welt. La surveillance aérienne a permis d’identifier les pays de départ des navires violant l’embargo. « On a une très bonne idée de ce qui se fait et cela confirme la nécessité d’une composante navale pour agir », a commenté un responsable européen.

L’Union européenne a lancé l’opération navale Sophia en 2015, pour lutter contre les trafiquants d’êtres humains et contrôler le respect de l’embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye.

Son mandat a été prolongé jusqu’au 31 mars 2020, mais elle n’est plus opérationnelle en mer car les Etats membres ont retiré leurs navires à cause du refus de l’Italie de laisser débarquer sur son territoire les migrants sauvés en mer.

L’Italie a demandé à changer le mandat de l’opération, pour le focaliser exclusivement sur le  contrôle de l’embargo.

L’Italie a changé de gouvernement et la Ligue, le parti d’extrême droite dirigé par Matteo Salvini est aujourd’hui dans l’opposition, mais il continue à utiliser la migration comme argument politique.

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