Libye: le Parlement refuse la confiance au gouvernement d’union
Le Parlement libyen a refusé lundi d’accorder sa confiance au gouvernement d’union nationale (GNA), un coup dur pour les autorités de Tripoli dans le processus visant à sortir le pays du chaos.
"La majorité des députés présents à la séance du Parlement aujourd’hui ont refusé d’accorder leur confiance au gouvernement", a déclaré à l’AFP Adam Boussakhra, porte-parole du Parlement.
Sur les 101 membres du Parlement présents (sur un total de 198), 61 députés ainsi que le président de cette instance Aguila Saleh, ont voté contre la motion de confiance, un seul en faveur et 39 se sont abstenus, selon un communiqué paru sur le site du Parlement.
Le Parlement, basé à Tobrouk, dans l’est du pays, est reconnu par la communauté internationale mais soutient un exécutif rival au GNA, basé à Baïda, également dans la même région.
Issu d’un accord interlibyen parrainé par l’ONU et signé en décembre 2015 au Maroc, le GNA gère les affaires courantes mais peine à asseoir son autorité à l’échelle de tout le pays, notamment en raison de l’opposition de cette autorité politique rivale.
Selon l’accord, ce gouvernement devait obtenir, pour entrer en fonction, un vote de confiance de la part du Parlement. Ce dernier avait rejeté le 25 janvier une première mouture du gouvernement d’union.
Depuis des mois, les puissances étrangères mettent la pression pour que les deux camps se rapprochent afin notamment de mieux lutter contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), actif dans ce pays proche des côtes européennes.
Possible nouvelle crise
"Reste à savoir si M. Sarraj et les députés qui le soutiennent vont reconnaître la légitimité de ce vote", a indiqué à l’AFP Mattia Toaldo, expert au groupe de réflexion European Council on Foreign Relations.
"Il est possible que ce vote (…) finisse par faire tomber le Conseil présidentiel", un organe composé du Premier ministre Fayez al-Sarraj et des vice-Premiers ministres, a-t-il estimé.
"Cela pourrait donner lieu à une nouvelle crise institutionnelle en minant la légitimité du GNA et ramenant le processus (politique) à la case ‘départ’", a-t-il ajouté.
Par ailleurs selon lui, des pourparlers impliquant des acteurs "à la fois libyens et étrangers" ont eu lieu cet été sur un éventuel remplacement du gouvernement et même du Conseil présidentiel.
Si le GNA, basé à Tripoli, ne parvient pas à contrôler l’ensemble du pays, il a toutefois réussi à rassembler des forces en vue de chasser l’EI de Syrte, une ville située à 450 km à l’est de Tripoli.
Depuis le début de cette offensive le 12 mai, les forces progouvernementales ont réussi à s’emparer d’une grande partie de cette ville.
"Nos forces ont pris le quartier al-Naga et un ancien bâtiment de la Sécurité intérieure que l’EI utilisait comme prison", dans le centre-ville, a indiqué lundi le centre de presse de ces forces.
D’après la même source, des combats se sont déroulés au sud du quartier résidentiel n°1 situé dans le nord de la ville en bord de mer, l’un des derniers, avec le quartier n°3, à ne pas encore été "libéré".
La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par l’insécurité et une crise financière.